HARLEM ::: Scoop : These guys suck

Publié le 21 juin 2010 par Gonzai

Réalisant que la tournée des jeunes texans hippiephobes de Matador passait à 5 bornes de mon bureau seulement 2 heures avant l’ouverture des portes, je n’ai dû mon entrée qu’au soutien du label et de la salle, ainsi qu'à un jeu de jambes que m’envient nombre de boxeurs. Was it worth the run ?

Lendemains de Pentecôte. Une des joies de la province, c’est de traverser un embouteillage de conducteurs bovins en sachant qu’on va goûter à pleine bouche d’un fruit dont ils ignoreront toute leur vie jusqu’à la couleur. L'un des défauts par contre, c’est d’arriver à la bourre à la billetterie pour y apprendre qu’on est parmi les cinq premiers arrivés... Le tourneur du groupe n’a pas prévu de première partie. Ni de promo. Résultat, on est sept en tout et pour tout (dont 2 jumelles – flippant) à attendre le Saint Esprit. Très longtemps d'ailleur, car le groupe, accompagné d’une fille coiffée pour briller dans les rallyes, traîne une heure de plus dans les loges/catering en jetant des coups d’oeil inquiets par la fenêtre. Comme si 110 personnes pouvaient finalement apparaître en s’excusant de s’être gouré de chemin...

Coomers (pateux) –  Jesus a joué devant... Il a joué pour... disons, cinq types à Montpellier. Et trois d’entre eux étaient des lépreux. Et il a changé le son de merde en vin.

Le concert se passe comme on peut se l’imaginer : les trois types bourrés démoulent un show digne d’une mauvaise répète, que celle qui s’avèrera être leur régisseuse me justifie comme “une série de titres nouveaux ou rarement joués”. Disons plutôt des compos ni terminées, ni répétées. Private jokes et rots. Curtis O’Mara et Michael Coomers (“call him Coomers”) échangent régulièrement guitare et batterie, montant chaque fois un peu plus l’ampli pour palier à l’incapacité éthylique de s’entendre. On saigne des oreilles comme on sue sur une fausse blonde : sans plaisir. Bouquet final du même tonneau, la régisseuse s’engueule avec le barman qui – réjouissante surprise – s’avère booker des groupes plus souvent qu’il ne sert des bières. “Même pas foutue de se pointer avec un backline et ça se permet de gueuler à cause du bruit !” En sortant, les gars sont mi-honteux mi-pissed-off. Ils "hug" la nénette plus honteuse encore qui me fait promettre de ne pas raconter cet échec. Oui mais, vérification faite, ce n’est pas un mauvais soir isolé : la veille à la Maroquinerie, on dénombrait soixante gogos cachés dans les recoins. Nice work mademoiselle, ils ne sont pas prêts d’être sur Le Mouv', tes texans.

L’ancien testament comme un arracheur de dent.

Coomers – On est super chrétiens !

José (à Coomers) – Hey ! Aucun chrétien ne dirait ‘je suis super chrétien'.

23:12, passage backstage. On avale nos clopes et on allume de nouvelles bières. Ma première question sur le choix de relocalisation à Austin [NDR le groupe a fait ses débuts à Tucson] se suffira à elle-même ; ils n’y répondront pas. Pas plus qu’au reste. A la place? Une catéchèse à trois voix. Une main sur la bible, l’autre dans le slip, ils ont failli me faire oublier que je les aimais. L’inbuvable buveur Coomers, le candide José, le poseur Curtis, envie de taper les trois cons. Comme au théâtre. La Comedia del ratés.

Curtis (entre en hurlant) – Doobidoobidooooooo...

HP Et toi, tu es chrétien ?

Curtis – Ouais !

Coomers (étonné) – Ah bon ? Vraiment ?... (grimace) Nan, t’es pas chrétien...

Curtis – Après aujourd’hui, je crois que je vais m’y mettre.

Coomers - Tu sais quoi ? Je voudrais sucer la bite de Jesus. Je me la foutrais dans le cul sans capote...

José – C’est sale...

Curtis - Marie Madeleine était une pute.

Coomers – Je voudrais qu’il jouisse partout sur mon visage. Et puis... (rires) Hey Curtis t’as un briquet ?

Curtis (sec) – Uniquement pour ceux qui aiment Jesus.

Coomers (stupéfait) – Je voudrais que Jesus me baise sans capote : Comment pourrais-je l’aimer d’avantage ?

Curtis – Marie Madeleine était une prostituée...

Coomers – Putain, mais c’est quoi ton problème toi ?

José (chantonne en regardant le mur) – Spider spider / spider spider / does whatever / a spider spider does...

HP Sérieusement, on parle un peu d’Austin ?

Coomers – C’est pratiquement entièrement homosexuel.

HP Ouais... C’est même pour ça que vous y êtes allé...

Coomers – L’économie toute entière repose sur... Vous, vous avez les euros. Les allemands ont le mark. Nous on fait des pipes. Tu vas à l’épicerie, et tu suces le... euh...

Curtis – ...la bite de l’épicier. Si c’est une grosse bite alors cela rapporte beaucoup.

Coomers – C’est formidable. Je jure devant Dieu que l’un des meilleurs fromages que j’ai jamais mangé, je l’ai pris sur une bite non circoncise. Ah ouiiiii.

José – Fromage de bite.

Curtis – Fromage bleu de bite.

José – Bleu ? Waow, tu ferais mieux d’aller chez le médecin.

HP “Dick chesse”. Ça serait un bon titre pour votre prochain album, non ?

José – Ah ouais ! "Free Drugs" smiley qui sourit /"Dick cheese" smiley qui fait la gueule.

Coomers – En amérique tout repose sur le sexe homo. Tu devrais essayer un jour.

José – Il est marrié, ça va être difficile.

Curtis – Oh non, c’est cool. Tu peux avoir ta femme et ton... copain à bite.

Coomers – Ton Sex pal !

José – C’est comme paypal mais pour le sexe !

J’aurais dû tiquer dès l’écoute de "Gay Human Bones", me dire qu’il y allait y avoir anguille sous rock. Mais je plaide coupable : ne m’étant jamais remis de l’écoute du 4 titres Monkey Gone To Heaven il y a 15 ans en arrière, j’avais plongé tête la première dans Harlem. Ses B-sides hispano-beach-punk et tout le tremblement, voilà ce pour quoi j’avais signé. Pas pour tenir les cheveux d’une couineuse qui vomit sa bière et sa bile dans le même jet.

HP Vous êtes bourrés à ce point-là ?

Coomers – Ouais, on est complètement défoncés, mec !

José – Je suis pas tellement bourré moi...

Coomers – Chuis cuit.

Curtis – J’ai envie de fumer de l’herbe.

Coomers – Je suis bourré et tu sais quoi ? Je suis bourré. Et je vais baiser avec... euh... baiser avec.. un morceau de.... De fromage !

Curtis – Ohhh. La baise avec du Frrromage... [NDR en français dans le texte]

Coomers – Parlons un peu de toi. Raconte nous comment tu as perdu ton pucelage.

HP OK. J’avais 17 ans et la fille était un peu plus âgée. Elle venait de San Salvador.

Curtis – C’est plutôt cool.

José – Putain ouais arrêtes, moi j’ai perdu ma virginité avec une meuf de Washington D.C.

HP Elle était rasée et jouait du hardcore ?

José – Nan, même pas. (inquiet) Rasée, tu veux dire...?

Coomers – Moi, c’était avec une fille d’Austin.

Curtis – C’est le cycle parfait mec. T’as bouclé la boucle.

Quand le crew de la salle nous a foutu dehors pour nettoyer les loges, les boys se levèrent comme un seul homme direction le frigo puis le van. Sur l’enregistrement, on entend encore Coomers crier “Let's steal everything !”, une approbation, le cliquettis des canettes et puis au loin Curtis : “I wanna swim”.

http://www.myspace.com/harlemduh