Je raconte comme je m'en souviens, près de 30 ans après. Ma mémoire est incertaine, mais j'ai des images qui restent comme des photos en noir et blanc, très nettes malgré leurs contours délavés. Des impressions, qui sont encore là encore aujourd'hui.
Les yeux grands ouverts. Johannesburg, arrivée le soir, froid. Chauffeur de taxi. Noir. Qui nous dit bien de faire attention. Mon anglais balbutiant suffit pour le comprendre et lui parler. Il mâche un cigarillo avec ses chicots. A un accent bizarre. Nous explique qu'il faut faire attention, que les voleurs sont partout, qu'ils sont violents (« thiefs and rogues are everywhere. You beware »).
Première nuit dans un hôtel à Joburg. On dort. Après-demain, on part vers la mer. Durban. Le paradis des surfers.
On sympathise avec une famille boer. Ah, je ne vous ai pas dit... Pascal est Chinois. Chinois de la Réunion, mais Chinois. Pour le Sudaf, ça a une importance. La famille boer nous invite. On mange chez eux. Il y a une nénène. Noire. La même que dans le film « Autant en emporte le vent ». Une fille de 15 ans. Son petit ami a 20 ans, une belle voiture, et un flingue sous la veste. Au cas où... Il nous explique qu'ici, tout le monde a un flingue. C'est normal. Il faut bien se protéger.
Le soir, on va en boîte, moyenne d'âge, 15 ans. Les videurs (noirs) ont aussi un flingue en évidence, qui effleure la veste.. Pascal, malgré ses yeux bridés, n'a pas de problèmes. Il rentre dans la boîte. Il est avant tout « Français ». Dans la boîte, musique de daube. On se fait brancher par les filles. Chaudes, les teens d'Afrique du Sud. Elles ressemblent aux lycéennes américaines des séries. Elles sont défoncées au gin-tonic. Très glauque comme ambiance.
Le lendemain, Durban. Rien à voir. C'est là qu'on rencontre les Patel... Ben oui, il y a des Patel à Durban, et même des samoussas.
François Gillet
(A suivre... )