Le 6 septembre 1940, le consul général britannique informe le gouverneur de l'Inde française qu'il est prêt à transmettre dans le plus court délai la déclaration officielle du ralliement des établissements français dans l'Inde à la cause du général de Gaulle et de la France Libre.
Le lendemain 7 septembre 1940, le gouverneur Bonvin réunit les chefs de services, les élus et notables de la colonie et le ralliement est proclamé officiellement sans aucune opposition. Tous les Français et ressortissants français de l'Inde acclament la proposition du gouverneur, qui consacre définitivement une situation de fait durant déjà depuis plus de deux mois.
Avis est donné à toute la population, par la presse et par une proclamation du gouverneur Bonvin, du ralliement de nos établissements dans l'Inde au comité national français du général de Gaulle. Cet exposé un peu long était nécessaire pour fixer le rôle exact joué par le gouverneur d'alors, M. Louis Bonvin, qui s'employa à grouper les Français libres et à travailler au maximum pour l'oeuvre de Libération.
Le 12 septembre 1940, le général de Gaulle télégraphiait : N° 74 - Londres 12/9/40 - Gouverneur Pondichéry.
« Je vous félicite pour votre courageuse action et vous confirme dans vos fonctions au nom de la France Libre. Tous ensemble et avec les Alliés pour la victoire commune. »
Signé : C. de Gaulle
Le mouvement de la France Libre s'organise. Rapidement des volontaires se présentent, des souscriptions s'ouvrent, l'enthousiasme et l'espoir vont de pair. Des comités France Libre sont créés à Calcutta, Bombay et Colombo ; ils vont durant toute la guerre contribuer à l'effort demandé à tous les Français libres ; chacun apportera sa part avec joie et ce sera dans une atmosphère d'émulation encourageante que tous serviront la France lointaine, mais présente dans tous les esprits.
Les Indes françaises vont, durant cinq années, avec les Français résidant aux Indes britanniques envoyer des centaines de volontaires qui s'illustreront dans les premières divisions de la France Libre. Plusieurs lacks de roupies iront à la caisse d'armement de la France Libre (un lack de roupies vaut 3.600.000 francs), des milliers de colis à la Croix-Rouge.
L’Administrateur Vuillaume précise : « Pendant cinq ans, on assistera à l'effort sans lassitude de ces minuscules dépendances ; ces enclaves de terres françaises sont restées grandes par le coeur. La présence des enfants de l'Inde française au milieu des armées de la France Une fête rituelle : procession d'une divinité. Libre a attesté l'existence de cette fraternité qui a uni tous les hommes libres au cours d'une lutte parfois inégale ; mais tous étaient soutenus par un idéal et une foi admirables. Parfois, en écoutant des habitants de l'Inde, on serait surpris de constater combien la France représente pour eux bien plus qu'une entité géographique ; le symbole de la liberté et de l'émancipation des peuples. Dans l'immense douleur des Français, en 1940, devant le désarroi que les revers militaires avaient créé, il fut réconfortant de constater combien notre patrie avait gardé de vrais enfants et aussi d'amis sincères. Dans les Indes françaises et britanniques des centaines de gestes vinrent attester que nous avions partout des sympathies véritables. Tout cela est le résultat d'une oeuvre longue et généreuse. Ceux qui furent nos représentants ont particulièrement contribué à cette oeuvre. Ce sont ces chefs humains et aimés des Français d'outre-mer qui eurent le privilège et le grand honneur de maintenir l'esprit de la France aux heures les plus graves de notre histoire. »
Dans cette période très troublée et accablante pour la France, Louis Bonvin eut une action admirable.
Par décret de Vichy du 4 octobre 1941, il fut déchu de la nationalité
française. Le 14 janvier 1942, il était condamné à mort par contumace, avec confiscation de ses biens et sa femme aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Saïgon. Le 27
janvier 1942, il était nommé membre du conseil de défense de l'Empire Français et Compagnon de la Libération. En janvier 1944, il se verra décerner la Médaille de la Résistance française.
Quand Louis Bonvin s'en ira, en 1945, le Vice-Roi des Indes anglaises en personne lui remettra, de la part du Gouvernement de Sa Majesté Britannique, l'une des plus hautes distinctions de son
pays, l'Ordre de l'Empire Britannique. Il décédera à Montluçon le 23 février 1946 après une courte et cruelle maladie. C'est en souvenir de son père que le Général de Gaulle acceptera d'être le
parrain de son dernier fils Louis Charles qui naîtra le 13 août 1946 à Montluçon.
Source : Revue de la France Libre, n° 3b, octobre-novembre 1946.
Article sur L Bonvin : http://www.indiablognote.com/article-26347588.html