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Libéralisme, football et autres décadences

Publié le 21 juin 2010 par Enzodaviolo

L’épisode de l’équipe de France de football qui a occupé le petit monde médiatique tout le Week-End est un bien bel exemple de tous les travers actuels de la société Française, symptomatique d’une certaine vision de la société, de certaines valeurs.

La première d’entre elle est la primauté de l’image sur les actes. Tout ce qui compte en football comme en politique, est désormais de ne pas perdre la face aux yeux de l’opinion public, donner une image de ce que l’on n’est pas réellement pour permettre de faire passer en douceur ce que la majorité ne souhaite pas. Le mensonge, fut-il celui par omission, devient un support habituel de communication pour masquer tout ce qui fâche et qui pourrait engendrer un refus massif de l’opinion.

Jouer à comme si tout allait bien, telle la Fédération Française de Football, c’est à l’image d'un Woerth qui nous explique sereinement et posément en quoi la suppression de la retraite à 60 ans était une réelle avancée pour l’avenir des retraites par répartition. Voilà une nouvelle assénée comme une mesurette habituelle, avec la même sérénité communicative de ceux qui n’ont rien à se reprocher et travaillent dans l’intérêt commun, alors qu’ils sont juste en train de supprimer l’une des plus fortes conquêtes sociales depuis un siècle.

Libéralisme, football et autres décadences

Comment s’étonner alors que le président de la Fédération Française de Football puisse cacher pendant des mois les dissensions internes au club France jusqu’à ce qu’il explose de l’intérieur ?

La seconde valeur, que l’on retrouve de plus en plus dans une société compétitive ou chacun se méfie de l’autre ou essaie de l’écraser à son profit, est une conséquence du mensonge des communicants, c’est la dénonciation valorisée par des collaborateurs avides de coup médiatique et d’argent facile. La presse caniveau, digne des tabloïds réputés outre-manche, s’est donc érigée chez nous comme un mode d’information habituel. En matière politique on connaissait l’accusation sans preuve, le relai de fausses informations, on sait désormais qu’en matière sportive, tout est également possible pour salir une image qui ne sied plus à l’intelligentsia médiatique en place.

Enfin, comment ne pas faire le parallèle entre la bulle des sportifs de haut niveau et le microcosme politique au pouvoir, tous deux isolés des réalités concrètes du commun des mortels, les uns s’indignant de voir un millionnaire mal élevé viré au point d’engager une grève de privilégiés, et les autres s’offusquant du manque de respect du maillot tricolore au point de commenter des propos rapportés ou de voir l’Etat convoquer officiellement les protagonistes à l’image des républiques bananières pourtant habituellement moquées pour ce genre de pratique, tout ceci pendant que l’austérité économique est mise en place pour la très grande majorité de la population sans que ça n’émeuve les mêmes représentants de l’Etat.

Perdre tout sens des priorités lorsque les valeurs que l’on défend consistent à opposer, à valoriser l’absence de respect de la vie privée, de l’altérité, des différences, pour valoriser la performance quelle que soit les moyens pour y arriver, voilà une caractéristique des défenseurs de l’intérêt individuel.

Toute la politique actuelle au pouvoir trouve à se refléter dans l’attitude du moindre sportif de haut niveau, du moindre journaliste qui se croit tout permis, chacun étant intouchable tant que la somme des intérêts individuels et la décadence qui en découle ne font pas imploser le pouvoir en place.

Ça vient de se produire pour l’équipe de France de Football, on ne peut qu’espérer la même chose en matière politique pour pouvoir reconstruire sur des ruines. ça commence le 26 dans la rue…


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