J'ai lu que Guéant annonçait de nouvelles réductions de dépenses. Il envisage même de bloquer les salaires des fonctionnaires.
Cela me frappe, quand je considère l'action de l'UMP ou les déclarations d'autres partis, de voir à quel point il manque une réflexion sur les missions de l'État. A ce jour, seul le MoDem a commencé à mener sérieusement cette réflexion, s'inspirant des travaux de l'UDF, des réflexions de ses commissions, et des thèses de François Bayrou.
Du côté du gouvernement, on a l'impression d'une effervescence brouillonne. Il s'agit de réduire la dépense publique, et du coup, on gratte et tape là où on le peut. Pas de réflexion sur les missions de l'État, pas davantage sur la manière de dépenser.
Tiens, un exemple : dans les Hauts de Seine, j'ai ouïe dire que le Conseil Général s'apprêtait à investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans un groupe de collèges pour les doter d'un environnement numérique de qualité. Il fait pour cela appel à plusieurs prestataires qu'il va payer très cher. Or, de source bien informée, on trouve dans certains de ses établissements scolaires, des équipes qui obtiennent, en matière d'usage des nouvelles technologies des résultats similaires aux objectifs souhaités pour des coûts dix fois moins importants.
Mais voilà, on est dans deux travers bien français : a) big is beautiful b) c'est mieux quand ça vient d'en haut.
Dans ce cas précis, j'imagine très aisément que l'on pourrait faire aussi bien pour des coûts bien moindres. Mais ce n'est sans doute pas le seul exemple en France.
La majorité n'est pas seule en cause : le PS demeure persuadé que l'État peut assurer toutes les missions et qu'il suffit donc de taxer à tire-larigot pour trouver les ressources nécessaires.
Même du côté des formations centristes issues de l'UDF, Nouveau Centre, Alliance centriste, il y a bien une pensée sur les finances publiques, mais absolument aucune réflexion sur les arbitrages.
Seul le MoDem a entamé une véritable réflexion sur les choix qu'il convient d'opérer, faute de pouvoir tout payer, à l'instar, d'ailleurs, de ce qu'ont fait les LibDems en Angleterre, qui eux, disposaient d'un document chiffré.
Même si le programme du MoDem n'en est encore qu'à ses balbutiements avant d'envisager pouvoir devenir un programme de gouvernement, au moins a-t-il le mérite d'avoir ouvert la voie.
J'ai des divergences avec ce programme, sur un certain nombre de points, mais la méthode est la bonne, et on peut discuter. C'est une avancée décisive. Espérons que d'autres partis sauront emprunter le même chemin afin d'alimenter un débat nécessaire.