Les tentatives de dénégation de l'UMP n'y feront rien : que Nicolas Sarkozy reçoive le directeur du Monde pour faire pression sur le choix du futur repreneur du quotidien apparaît comme
crédible tant cette démarche s'inscrit dans la droite ligne des précédentes interventions du Chef de l'Etat vis-à-vis des médias.
Il faut dire que la tâche lui est facilitée par le fait qu'un certain nombre de groupes qui possèdent les médias dans notre pays sont d'une part amenés à vivre des commandes de l’État, donc
des marchés publics, et de l'autre à être dirigés par des amis du Président de la République. Ce mélange explosif a, semble-t-il, fait tourner la tête du Chef de l'Etat.
En s'attribuant le pouvoir de nommer lui-même les Présidents de l'audiovisuel public le Président de la République avait déjà commis une faute.
En convoquant Eric Fottorino pour lui faire connaître son veto contre la reprise du journal par le trio Bergé-Niel-Pigasse et, au passage, lui indiquer que l'État pourrait remettre en question
d'importantes aides gouvernementales prévues pour permettre au Groupe Le Monde de restructurer son secteur d'imprimerie en cas de mauvais choix, Nicolas Sarkozy a franchi allègrement la ligne
jaune.
Le journal Le Monde est un symbole fort du pluralisme de l'information dans notre pays et les tentatives du Chef de l'Etat de s'immiscer dans ses affaires, au moment où il est financièrement
fragilisé, n'est pas tolérable, et encore moins si elle vise à faire émerger, par oukase, une offre alternative qui, elle, bénéficierait de la bienveillance élyséenne.
L'annonce, dans ce contexte, par Claude Perdriel, d'une offre commune avec Orange sème légitimement le doute.
Soucieux de l'indépendance du Monde, le Parti socialiste s'inquiète plus que jamais pour la liberté de la presse dans notre pays. Il appelle le Président à respecter l’indépendance des médias et
à mettre fin à ses tentatives d’intimidation et de pression.
de Patrick Bloche, Secrétaire national aux Médias