Breaking Bad a été la révélation de ces deux dernières années, et est devenu instantanément un classique. Une réussite pour AMC après Mad Men, qui confirme avec cette troisième saison tout le bien (et plus) que l’on pense de cette série en terme de qualité et de suspense.
On avait laissé nos amis Walt et Jesse, chimistes impertinents qui occupaient leurs journées à « cuisiner » une drogue synthétique pour des raisons plus ou moins bonnes, se laissant embarquer dans le monde souterrain du trafic de drogues et des caïds locaux. La deuxième saison avait été quelque peu longue, alourdies par des histoires de mœurs, de luttes entre les personnages qui n’avaient pas forcément abouties à ce qu’on l’en attendait. La conclusion laissait cependant supposer que tout avait été fait pour préparer la suite. Et en effet, cette troisème saison n’est ni plus ni moins que le résultat de la saison passée. Suite au drame vécu (le crash d’un avion de ligne, indirectement lié aux activités du duo principal), et leurs situations individuelles respectives, Walt et Jesse ne sont pas au meilleur de leur forme. Walt a vu sa famille, pour laquelle il s’est battu et réalisé tout cela, partir. Jesse, son amour disparu, est en cure de désintox. Sauf que.. Sauf que désormais les caïds de la pègre les connaissent, le beau-frère agent fédéral est sur leurs traces (sans savoir qui ils sont), le boss de la mafia leur envoie quelques tueurs, et dans tout ça Walt est désormais père d’un deuxième enfant. La situation se complique donc.
Et c’est ça qui fait le sel de Breaking Bad. Outre la remarquable qualité narrative, tant du scénario que de la réalisation, Breaking Bad est une démonstration en beauté de la force de ses personnages. Dans les paysages superbes du Nouveau Mexique, nos deux héros s’enfoncent inexorablement dans l’engrenage infernal du trafic de drogues, croyant à chaque fois se relever plus grand mais finissant inlassablement par se prendre un retour de bâton plutôt négatif. Walt arrivera certainement à reconstituer sa famille, mais en l’entrainant lentement vers sa propre déchéance. Son beau-frère (Dean Norris trouve enfin là un rôle à sa hauteur) poursuit son investigation contre vents et marées, offrant les séquences les plus accrocheuses de la saison, face à deux jumeaux mexicains qui ont marqués les esprits dans la seconde de leur apparition (tout comme les seconds rôles de la série, tous excellemment écrits). Du côté de Jesse, si le retour se fait sans drogues, le parcours n’en sera que plus dur pour revenir aux côtés de Walt dans leur nouvelle cuisine. Et s’ils sont désormais en lien avec un baron du cartel, le danger se rapproche à chaque faux pas. Ce qui arrivera au final, rattachant l’histoire au meurtre d’un des amis de Jesse vu en saison 1.
Il est très plaisant de voir que les scénaristes calculent chaque épisode en lien avec les précédents, se permettant quelques facéties (un épisode en huis clos à deux personnages!) qui démontrent que la série est définitivement originale. Breaking Bad, un bonheur visuel et une d’intensité rare, a définitivement réussie sa troisième saison. La série de l’année.