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Une nouvelle étape dans la vassalisation des universitaires

Publié le 21 juin 2010 par Monthubert

La loi LRU est souvent appelée loi d’autonomie des universités. Pourtant, l’autonomie des universités ne cesse de reculer. Pour être autonome, il faut en effet en avoir les moyens. Or le gouvernement n’a de cesse de mettre en place des financements dont l’obtention se fait par le biais de jurys qu’il contrôle. En tenant ainsi les cordons de la bourse, en octroyant une part de plus en plus importante des crédits en fonction de son bon vouloir plutôt qu’en fonction des besoins exprimés par les établissements, il vassalise les universitaires.

Dernière étape en date de cette politique, un décret vient de paraître qui détermine les conditions d’octroi de la prime d’administration dévolue notamment aux présidents d’universités. Il faut se pincer pour y croire. Ce décret indique que cette prime, qui est fixée par arrêté ministériel à près de 20 000 euros par an, est majorée de 50% dans le cas des présidents dont l’université est passée aux Responsablités et Compétences Elargies. Rappelons que ce sont ces universités qui sont désignées comme autonomes : toutes les universités doivent passer aux RCE, d’après la loi LRU, avant 2012. Mais le ministère a fait le forcing pour que le plus grand nombre y passent avant, ce qui a fait dire à Valérie Pécresse qu’en réalité les universitaires sont satisfaits de sa loi… Avec cette surprime, c’est un élément de plus pour exercer le forcing.

Mais il y a encore pire. D’après le décret, les montants individuels de prime peuvent, dans ce cas, être augmentés, par décision du ministre chargé de l’enseignement supérieur, dans la limite d’environ 6000 €, en fonction de la réalisation d’objectifs et des résultats d’indicateurs fixés et notifiés en début d’année par ce même ministre.

Il s’agit d’un bouleversement dans le rôle des présidents d’universités. Jusqu’à présents, ceux-ci percevaient leur rémunération uniquement en fonction de l’évaluation de leurs pairs, par le biais de leur carrière. Désormais, le ministre pourra intervenir sur cette rémunération, les plaçant dans une position analogue à celle des directeurs d’administration centrale, par exemple. Alors que ce sont des élus, ils deviennent des vassaux.

Cette tentative d’acheter les présidents d’universités, et à laquelle ceux-ci sont hostiles, est aux antipodes de ce dont les universités ont besoin. Dans un monde dominé par l’argent et le court-termisme, le devoir et la dignité des universitaires leur impose de revendiquer leur liberté de penser, de critiquer, elle leur impose aussi d’écarter tout soupçon quant au fait que leurs décisions puissent être motivées par des enjeux financiers.


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