C'était comme cela à l'Espace Cartier du boulevard Raspail (Paris) l'année dernière. C'est ainsi partout où ils passent, toujours des "jauges" minuscules, sans doute pour regarder chaque spectateur dans les yeux. Difficile de faire plus intime.
Quand le groupe est au complet on nous invite à grimper en haut de la structure que Nigloo et Branlo désignent sous le nom de "tonneau", une sorte de cylindre au fond duquel ils vont évoluer le nez en l'air, ce qui déforme la vision que nous avons de leur réalité. Parce que nous, spectateurs, serons toujours en surplomb, debout dans la coursive des passagers, suspendus au-dessus de la scène, accoudés à la balustrade.
Cela commence plutôt classiquement. Le clown est un peu déjanté. Il essaie de se lier avec chaque spectateur, faisant surgir une botte de spaghettis de ses poches, pleurant des jets d'eau, tirant au pistolet ... à eau, jouant de la trompipette. Il bafouille, bref il mélange tout, comme lui reproche sa compagne dont la voix nous parvient étouffée derrière un air de p'tit quinquin. Il se balance sur son échelle, s'accroche à une corde, nous effraie un peu avec ses gesticulades qui le mettent en danger mais ce ne sont pas ses os qui se brisent au sol, de simples assiettes blanches accrochées au plafond comme des araignées que ses grandes mains décrochent ... la folie le guette.
Quatre chevaux qui évoquent le théâtre équestre et musical Zingaro qu'ils ont créé, puis laissé à Bartabas.
Quatre chevaux qui auraient pu s'être échappés aussi bien du Guernica de Picasso.
Quatre chevaux indressables, même en grimpant sur une chaise.
Quatre chevaux de rêve qui sont un songe, comme la chaise bleue de Van Gogh, comme les spectateurs que l'on découvre au dernier tableau.
Le Tonneau est un miroir déformant, un kaléidoscope qui étire les corps, les voix, les gestes et modifie la perception du temps. Autrefois Nigloo et Branlo haranguaient le chaland qui passait dans la rue. C'était au temps où le cirque Aligre semait la panique dans les chaudes heures du festival d'Avignon. C'était une autre époque, mais l'esprit est demeuré le même et le pari est gagné puisqu'on sort de là la tête pleine d'interrogations. Des conversations ont été esquissées. Nous avons été saisis par le ronflement des trains et apaisés par des musiques douces. Nous avons découvert la troupe des animalicules, les petits grotesques qui se démènent en dessous de notre lorgnette. Nous avons assisté à un match de boxe en trompe l'œil qui laisse une double dépouille sur le flanc. Notre cœur en tout cas n'a pas été victime d'une illusion.
Tout public à partir de 10 ans, Durée : 1h,
3 Euros SUR RÉSERVATION au 01 41 87 20 84 et pour tout savoir sur l'ensemble du festival :
• Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute
Photos A bride abattue à l'exception de celle non signée provenant du site du Théâtre Garonne dont le copyright m'est inconnu.