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Par Toréador | juin 20, 2010
Je ne vois que l’Enfer qui bleuoie…
Le fiasco des (tuniques) Bleus fait regretter le doux temps du pilori. Comment verser une larme sur une équipe qui invoque une couleur et un drapeau comme d’autres présentent un alibi ? Leur maillot n’est qu’un cache-sexe.
Chaussons les lunettes de la lucidité : au royaume de l’argent roi, l’équipe de France est plus une coalition hétéroclite de milliardaires sous pression de juteux sponsors -pas une équipe de football. Les valeurs censées les unir ont depuis longtemps disparu, bouffées par la starisation et la peoplisation.
L’équipe est une équipe sans but, à tous les sens du terme.
Le feuilleton des Bleus(-bite) n’est pas (seulement) affaire de sportifs, mais aussi d’environnement détestable. Il est une magistrale illustration du climat politique actuel. Grosso merdo, il est en train d’arriver à l’équipe de France ce qui est le lot commun des hommes politiques aujourd’hui.
A défaut du virus du sport, nos têtes bleues expérimentent cette maladie transmise par le politique – VIH comme Vengeance, Indiscrétion, Hallali. Vengeance car rivalités des égos pour mieux couvrir la couverture à soi, indiscrétions livrées à la presse, puis hallali médiatique.
Et au final ? Un sélectionneur éberlué qui s’aperçoit qu’on s’intéresse moins aux performances sportives de l’équipe qu’aux ragots et rumeurs. La presse a senti l’odeur de l’hémoglobine et ne fait pas de sentimentalisme – elle brûle ce qu’elle a encensé (Sarkozy et Royal en savent quelque chose) avec la même ferveur qu’un pèlerin à Fatima.
Et la France qui merdoie…
Mais le fiasco des Bleus n’est pas seulement une affaire de sport et une illustration du climat politique actuel. C’est aussi le naufrage d’une idée, celle née en 1998 d’une « France Blanc-Black-Beur » réconciliée avec elle-même. Domenech avait déjà purgé la dimension « beur » en enlevant Ben Harfa, Benzema et Nasri, ce qui était déjà un semi-aveu, certains de ces joueurs étant considérés comme fauteurs de troubles.
Les tensions entre joueurs sont aussi clivées par leurs origines sociales et l’éducation déplorable de certains, dont Anelka est le meilleur exemple. Les bleus sont pour certains des sales gosses, nés dans des ghettos et devenus spectaculairement riches. Comme Labruyère, ils « rendent » à la société les valeurs que celle-ci leur a donnés. Outre les tensions sociales, on n’oubliera pas de citer les suspicions de tensions religieuses entre certains joueurs musulmans et les autres. Bref, ils sont à l’image de notre société actuelle.
Nous avons les gouvernants que nous méritons, et l’équipe de football qui nous correspond. Si notre équipe n’a pas su s’arrêter dans sa longue déchéance, qui a débuté par un acte de tricherie, s’est poursuivi par des polémiques de mœurs, a été entretenu par une écervelée ministre ; Si toute cette merde a fini par se déverser dans la fosse à purin de résultats calamiteux et de règlements de compte en public, c’est parce qu’aucun des protagonistes (du ministre au joueur, en passant par la FIFA et le sélectionneur) n’a plus ce que nos glorieux aïeuls avaient : le respect d’eux-mêmes et des autres, le souci d’être avant de paraître, et surtout la modération et l’humilité comme règles de vie.
A force d’être petits, nos géants bleus sont devenus des schtroumpfs. La fronde d’aujourd’hui contre l’exclusion d’Anelka démontrent que nos stars se sentent propriétaires plus que débiteurs. C’est très bien car quand sonnera l’heure de la défaite, les responsables seront les payeurs.