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Bon nombre des réactions sur la stratégie de Dominique de Villepin sont de nature à susciter des interrogations majeures sur les capacités ou la volonté de certains analystes à intégrer des données nouvelles qui marquent pourtant d'autres campagnes actuelles.
5 questions fondamentales suscitent actuellement des réactions qui méritent des développements particuliers.
1) La place de l'argent dans les campagnes électorales : il est "reproché" à Dominique de Villepin de ne pas avoir les "moyens financiers" d'une campagne. L'argent a toujours été "le nerf de la guerre" mais l'argent ne permet pas d'acheter la victoire. De surcroît, la campagne de 2012 va intervenir soit en pleine crise soit au début de la sortie de celle-ci. Par conséquent, la dépense électorale reposera sur une "légitimité fragile". Dépenser sera délicat. La dépense "politique" sera probablement perçue comme une preuve d'évasion de la crise. Les candidats "de l'argent" devront surveiller la discrétion de la dépense s'ils ne veulent pas encourir un redoutable "effet boomerang".
Pour l'ancien Premier Ministre, il n'y a pas là un handicap réel. La seule question est de savoir si ce candidat franchira le seuil de crédibilité financière pour faire vivre un nouveau style de campagne.
2) Sur ce seuil, il y a une seconde critique qui est formulée et dont le contenu s'avère surprenant. La candidature de Dominique de Villepin serait délicate financièrement faute d'argent public et faute de "gros donateurs". Ces deux supposées faiblesses peuvent être des atouts considérables si le candidat montre que lui ne "dépense pas de l'argent public" et que "faute de gros donateurs" il est libre de "pressions" ultérieures éventuelles.
Son enjeu sera de donner naissance à la "contribution civique volontaire" : une participation des citoyens donc le financement par le grand nombre. La mensualisation de donations, les recettes de produits dérivés peuvent entièrement changer la donne.
3) troisième grief : il serait fragile parce qu'il ne compte que peu de parlementaires. Mais les parlementaires suscitent les critiques de l'opinion. C'est aujourd'hui, pour partie à tort, l'une des professions qui doit lutter contre une image de marque désastreuse. Comment reprocher à un candidat de ne pas s'afficher avec des représentants d'une profession que l'opinion veut sanctionner ?
4) Quatrième grief : il partirait trop tôt. Ramené à la vie économique, il occupe un segment de marché qui n'était pas occupé : la "nouvelle république". Le premier est toujours gagnant lorsqu'il s'agit d'occuper un nouveau segment de marché et le second est toujours le premier ... des perdants parce qu'il va devoir montrer sa différence, faire vivre ses plus ... ce qui est encore plus difficile.
Là encore, son timing de capamgne semble l'avantager plus que le desservir.
5) Cinquième grief : il sera trop "altier". Là aussi, ceux qui effectuent ce reproche méritent de faire l'objet de quelques remarques. Jusqu'alors chaque présidentielle traduit un mouvement fort de balancier :
- VGE est la jeunesse pour succéder au Président malade,
- Mitterrand est la victoire du peuple face à un Président aristocrate,
- Chirac est le copain proche face à un exécutif lointain,
- Sarkozy est l'énergie face à un Président usé,
- comme Sarkozy est perçu aujourd'hui toujours "le nez sur le guidon", l'opinion va très probablement aspirer en 2012 à de ... la hauteur.
Sur ces 5 domaines, les actuelles supposées faiblesses constituent souvent davantage des socles de forces ramenées aux actuelles circonstances.
En réalité, le véritable défi majeur de la candidature de Dominique de Villepin réside dans la volonté (donc l'acceptation du risque) et la capacité à faire vivre la première campagne du "nouveau siècle" qui à maints égards va le confronter aux défis rencontrés en 2007 par Obama face à l'appareil démocrate qui soutenait Hillary Clinton.
C'est bien une élection nouvelle qui se profile.
Sur le parallèle entre Villepin 2010 et Obama 2006 : BlogExprimeo