Le solstice d'été coïncide avec la Fête de la Musique, que l'on célèbre de Tataouine-les-Bains à Babadag en passant par la rue du Champ de l'Eglise à Laeken.
C'est là, dans l'ancienne gare, que niche la Maison de la Création, Centre Culturel
de Bruxelles- Nord.
En ce frileux samedi,à partir de 13h, on y organise diverses activités: danse, ateliers, expositions, théâtre, performances, parades et concerts.
Un programme chargé devant se dérouler indoor et outdoor. Les températures automnales interdisent toutefois les festivités externes: tout aura lieu à l'intérieur, avec comme résultat fâcheux un
retard conséquent sur l'horaire prévu.
Faudra patienter en attendant le concert de Cheresse, initialement pointé à 20h.
C'est à cette heure qu'on monte à la fois le matos de Dizorkestra( prévu à 20:45') et celui du trio bruxellois, tout en réduisant l'espace destiné au public.
20:45' Cheresse
à pied d'oeuvre, sans soundcheck préalable.
Cheresse c'est un power trio( basse,guitare, batterie) instrumental, énergique et inventif.
Ne nageant pas vraiment dans les eaux Cream, Blue Cheer, Taste, Beck, Bogert& Appice ni Therapy?... mais s'exprimant dans les envolées jazzcore avec des touches de mathrock, de free jazz et
même de groove.
On n' est pas loin des efforts de Fred Frith et de Bill Laswell, flanqués de Fred Maher aux drums.
Arnaud Paquotte (basse)- Jean-Philippe De Gheest (batterie) et Hugues Warin (guitare) ne sont pas vraiment des
'noviter veniens' dans le paysage musical bruxellois.
Karkass', Maelström + quelques montages musico-visuels pour le premier- Joy as a Toy, Auryn, Attica, aMute, Lyenn etc... pour le batteur et Rawfrücht, Daniel Hélin et autres collaborations pour
Mr Warin: ça situe les cocos.
Les musiciens ont décidé de jouer leur truc en cercle, du roux Paquotte, le dos tu verras!
Une intro mélodieuse à la guitare, la basse s'insinue dans le jeu. En douce, le batteur s'associe au duo pour créer un soundscape énigmatique, vaguement jazzy. Boum, un gros coup sur un tom, à
l'assaut, c'est 'La Curée', la meute a senti la chair fraîche, les Rougon-Macquart sont prêts pour le dépeçage de l'animal.
Faut s'attacher, les images sont saignantes.
'Valse cocotte' entamée par quelques samples vocaux, style Pirette jouant au paysan gaumais.
Très vite le trois temps vire jazz rock/avant-garde rageur. Revoilà le petit François: 'Fait bon, hein, c'est le printemps' ... Doit être bourré, le mec!
'Muezzin' il se rend à la mosquée en pétrolette,avant de grimper au minaret.
Vroum, vroum.., une jolie guitare andalouse, style Gilmour se la jouant Narcisco Yepes, accompagnée par une basse saturée, car martyrisée avec une aiguille à tricoter,
empruntée à une faiseuse d'anges, le tout sur fond de drumming infernal.
Abrasif et tonitruant, ce truc.
'Kari' entame fragile, mais tu sais que ça va éclater.
Prédiction confirmée, un rythme diabolique, Cheresse c'est un sorcier tricéphale.
'Les voisins' une compo presque guillerette, basse et guitare batifolent sur couche de percussions tsoin, tsoin... Une caravane de chameaux au pas lent et balancé...en route pour le
caravansérail.
'Scheut' Quel rapport avec Anderlecht? Va savoir, Médard..
Vais gratter ma basse avec une pièce de mikado géant, et, en avant pour un groove sonique entêtant, idéal pour une séance de transe extatique.
'La Hola' s'était mieux que ces conneries de trompettes sud-africaines.
Rythmique de plomb et guitare vicieuse pour un nouveau trip reconstituant.
On termine, en finesse, ce set magique par un petit tango/blues lyrique, agrémenté de bruitages crissants sur les cymbales: 'La Chtouille'.
45' d'errances psychiques, physiques et poétiques, vachement décapantes!