Le Caravage en clair obscur (1)

Publié le 20 juin 2010 par Myriam

A l'occasion des 400 ans de la mort du Caravage, une exposition exceptionnelle a rassemblé à Rome aux Ecuries du Quirinal vingt-quatre de ses œuvres et je crois que je suis encore sous le choc !

A tel point que je peine à retrouver sur le net des images de ses tableaux, fidèles à la réalité que j'ai pu voir. Il faut dire que les tableaux exposés étaient servis par une scénographie éblouissante : dans la pénombre, ils se détachaient soit sur un fond carmin, soit vert tilleul.

Et dès ses œuvres de jeunesse, on sent une maîtrise impressionnante. Ainsi dans "Le Garçon à la corbeille de fruits", peint en 1593-1594, "la description des nombreux fruits, les qualités transparentes ou veloutées de leur surface, de leur consistance, des différents accidents dans les feuilles est sans précédent" (1). Une virtuosité a l'égal des natures mortes hollandaises que l'on va admirer par la suite.

Mais il y a déjà plus encore, il y a la présence de ce jeune garçon mis en valeur par l'éclairage (la lumière qui provient de l'extérieur du tableau éclaire son épaule droite) et dont l'attitude languide ne peut que retenir notre attention avec ses yeux dans le vague et ses lèvres entrouvertes. 

A peu près à la même période en 1594-1595, et peut être inspiré par "Le Concert champêtre" désormais attribué au Titien, il peint "Les Musiciens", un groupe de jeune garçons réunis autour de la musique. Nous y retrouvons le joueur de luth de face avec en second plan un autre musicien dont le visage rappelle le garçon à la corbeille (ce serait un autoportrait du Caravage) tandis que les deux autres personnages apparaissent secondaires : "la présence si forte des deux portraits au centre du tableau empêche d'appréhender ce groupe de manière conventionnelle, malgré le ton classique de la composition, fondée sur l'antithèse entre le joueur de luth vu de face et le garçon vu de dos". (1)

A remarquer ici l'habileté dans le rendu des étoffes et des drapés et déjà la présence de ce drapé rouge théâtral que l'on va par la suite retrouver très fréquemment dans les œuvres du Caravage (l'exemple le plus abouti en étant peut être dans la toile "La mort de la Vierge").

A suivre ...

(1) Le Caravage, Giorgio Bonsanti

(2) Une présentation de l'exposition sur Arte, ici