L'Electronic Entertainment Expo (ou E3) est terminée. Les éditeurs rangent leurs stands géants et les développeurs rentrent dans les bureaux pour cuver l'alcool ingurgité dans les nombreuses soirées, et se remettre au boulot pour fournir l'expérience de jeu qu'ils ont promis durant le salon. Et pour nous, plus simplement, c'est l'heure de faire le bilan.
La guerre des Motion Controllers n'aura pas lieu
La principale confrontation qu'on attendait sur le salon est celle des trois Motion Controllers, à savoir Natal (maintenant Kinect), Playstation Move et Wiimote. D'une manière plutôt surprenante, cette confrontation qu'on a pu expérimenter l'année dernière avec les annonces de Sony et Microsoft, n'a pas vraiment eu lieu cette année. Du côté de chez Nintendo, la Wii continue son petit bonhomme de chemin, et le constructeur n'a plus rien à prouver à son public : on sait que ça marche, et on manque juste de contenu.
Côté Kinect et Move, les choses sont différentes. En effet, Sony et Microsoft ne doivent pas prouver que leur motion controller est meilleur que celui du concurrent, ils doivent prouver à leur base de joueurs, aux détenteurs des consoles, que cela vaut bien le coup de les acheter. Ainsi, Sony avait pris un coup d'avance en présentant le Playstation Move à la GDC il y a quelques mois, tandis que pour Microsoft c'était la "grande révélation", et on s'attendait à avoir quelques informations primordiales telles que la liste des jeux compatibles et le prix. Il y a certes eu quelques coups bas joués entre les deux constructeurs, mais la majorité du show a été dédiée à convaincre les consommateurs, dont seuls 10% ont l'intention d'acheter ces extensions pour leur console.
Doté d'une technologie beaucoup critiquée, avec un prix élevé annoncé par une fuite de marchands, et ne disposant que de 15 jeux à sa sortie, Kinect semble perdre cette manche au profit de Sony qui a fait le pari d'une technologie moins révolutionnaire, simple copie améliorée de la Wiimote, mais de l'orienter beaucoup plus vers les gamers tandis que son concurrent recherche un public familial. La "guerre des motion controllers" toutefois, se fera sur un plan marketing plutôt que dans des conférences comme celle-ci largement dédiées à la presse spécialisée. Rendez-vous à Noël prochain pour déclarer un vainqueur !
Nintendo, maître incontesté des portables
Outre les motion controllers, on attendait également deux grandes annonces lors du show : la révélation de la Nintendo 3DS, et la PSP2 de Sony. Cette dernière s'est faite attendre pour finalement ne jamais voir le jour, et c'est bien dommage pour la PSP qui n'a eu droit qu'à quelques minutes dans la conférence de Sony. Avec des jeux présentés très légers et un niveau à peine relevé par The Third Birthday, le nouveau God of War ou Patapon 3, Sony peine à réellement faire croire à son public qu'il va soutenir sa console portable, qui, malgré quelques excellents jeux, semble abandonnée depuis bien longtemps. Dans les commentaires post-salon, le CEO de Capcom pense que Sony fait une erreur en ne sortant pas une nouvelle portable, tandis que Sony répond que la PSP en a encore pour au moins quatre ans de durée de vie.
Nintendo, de son côté, crée l'évènement en annonçant la 3DS. Certes, on connaissait déjà l'existence de la console depuis mars dernier, mais aucune information n'avait filtré. Très proche de la DS dans sa simplicité, beaucoup plus puissante (équivalent Wii/PS2, soit plus puissant que la PSP), la 3DS est dotée d'une 3D très impressionnante ne nécessitant pas de lunettes, et avec un switch permettant de repasser à la 2D en cas de besoin. Connectée, avec un disque dur et des fonctionnalités d'installation de jeu, la 3DS est soutenue par Nintendo grâce à la résurrection inattendue de la licence Kid Icarus mais, argument de poids, elle est également soutenue par un impressionnant panel de développeurs tiers qui ont déjà annoncé plus de 70 jeux disponibles au lancement de la console, et pas des moindres !
Salué et soutenu par les développeurs, se trouvant devant une concurrence presque inexistante et développant une technologie nouvelle, Nintendo est le grand vainqueur de cette manche, et on attend désormais avec une grande impatience la 3DS qui devrait arriver au printemps prochain.
Montée en puissance des jeux en téléchargement
Avant de parler des annonces de blockbuster, revenons quelques instants sur les nombreuses annonces de jeux en téléchargement, que ce soit pour PC, Xbox Live Arcade, Playstation Network ou les trois. Depuis l'E3 de l'année dernière, une tendance s'est amorcée pour la création de jeux en téléchargement de très haute qualité, laissant souvent plus de liberté à la création et à l'originalité que de plus gros titres vendus en magasin. On a pu cette année retrouver Trine 2, Scott Pilgrim vs. The World, Majesty 2, Child of Eden, Might & Magic : Clash of Heroes, ou encore Rayman Origins, tous présentant une grande qualité, et tous présentés d'égal à égal avec des créations plus gros budget.
Avec le succès croissant des grands portails de téléchargement tels que Steam, et des consoles, portables comme de salon, qui sont de plus en plus connectées, cette tendance ne peut que s'accentuer dans les années à venir, et nous la saluerons car elle est là pour le bonheur des joueurs, et pour présenter des jeux qui n'auraient peut-être pas leur place en magasin mais peuvent avoir un grand succès en téléchargement.
Et les jeux alors ?
Côté annonce de nouveaux jeux, force est de constater que cette année aura été relativement décevante. Chez Microsoft, on a bien sûr eu droit à quelques surprises, notamment Kingdoms, le jeu de Crytek en exclusivité sur 360, mais le show était principalement porté sur les titres Kinect. On ne peut pas dire qu'EA ai vraiment fait le show en annonçant un seul nouveau titre : Need for Speed Hot Pursuit. Chez Sony, on a été un peu plus expansif avec Twisted Metal et les confirmations d'inFamous 2, Killzone 3, auxquels s'ajoutent les jeux compatibles Move. Ainsi, chez les éditeurs traditionnels, c'est Ubisoft qui semble s'en sortir le mieux, avec des annonces de blockbuster (Driver : San Francisco), mais également de jeux conceptuels et poétiques (Child of Eden, Project DUST, le nouveau Rayman développé par UbiArt), tout en satisfaisant les fans de grosses franchises (Just Dance 2, Assassin's Creed : Brotherhood). Cocorico !
Mais la plus grosse impression reste chez Nintendo qui, n'ayant pas de nouveau matériel à présenter pour sa console de salon, se concentre sur le contenu en annonçant 5 nouveaux jeux sur Wii, dont un nouveau Zelda, le remake de GoldenEye, et le retour de Donkey Kong Country, tout en présentant quelques jeux pour l'actuelle DS, de quoi faire patienter jusqu'à la sortie de la nouvelle.
Conclusion : Nintendo Wins ?
Difficile de faire un bilan complet en un seul billet sans que celui-ci ne prenne des proportions gargantuesques, et on a notamment passé sous silence l'obsession 3D de Sony qui doit encore prouver son intérêt pour le grand public. Globalement, cet E3 aura été celui de la continuité : Microsoft et Sony ont simplement fait suite aux annonces de l'année dernière en présentant les versions finales de leurs contrôleurs, tandis que Nintendo présentait sa nouvelle portable, et que les éditeurs tiers suivaient avec toujours plus de contenu. Alors que Microsoft et Sony peinent à convaincre leur public de la plus-value d'un Kinect ou d'un Move, Nintendo, qui a déjà fait ses classes avec la Wii, se présente comme le grand innovateur et tous le suivent, car comme le disait récemment le CEO de Capcom : ils se trompent rarement sur ces choses là.
Force tranquille du jeu vidéo, séduisant à la fois le grand public et une partie des gamers et rétro-gamers, Nintendo est le grand vainqueur de cet E3, ayant réussi à surclasser les prouesses technologiques de ses concurrents grâce à une petite console qui n'a l'air de rien mais reste soutenue par tous les éditeurs de jeu du monde, et au final, peu importe la technologie, ce qui compte : c'est les jeux.