Jésus vient de guérir ceux qui en avaient besoin et de multiplier le pain pour nourrir la foule.
Il leur demande d’abord ce que la foule pense qu’il est et ensuite ce qu’eux pensent qu’il est.
Pour la foule, la réponse est celle de tout un chacun, et pour les disciples, il sollicite leur engagement personnel.
Dans la foule, certains croient que Jésus n'est autre que Jean-Baptiste ressuscité, d'autres le prennent pour le prophète Elie, enfin d'autres pensent qu'il est un autre prophète ressuscité.
L'idée de résurrection était déjà répandue puisqu'on l'envisage pour Jean-Baptiste et pour des prophètes. Une partie du peuple juif, au moins, était donc prête à entendre le message de Résurrection du matin de Pessa’h.
Quelques versets plus haut, Luc racontait qu'Hérode lui-même ne savait pas quoi penser à ce sujet, "Hérode le Tétrarque apprit tout ce qui se passait et il était perplexe, car certains disaient que Jean (le Baptiste) était ressuscité des morts, d'autres qu'Elie était apparu, d'autres qu'un prophète d'autrefois était ressuscité. Hérode dit : "Jean, je l'ai fait moi-même décapiter. Mais quel est celui-ci, dont j'entends dire de telles choses?"" (Luc 9, 7-9).
Le prophète Elie aussi avait opéré un miracle du pain, décrit dans l'histoire de la veuve de Sarepta.
Le prophète Malachie avait bien annoncé qu’Elie reviendrait, "Voici que je vais vous envoyer Elie, le prophète, avant que ne vienne le Jour du Seigneur... Il ramènera le coeur des pères vers leurs fils, celui des fils vers leurs pères..." (Mal'akhi (Malachie) 3, 23).
Jésus pouvait très bien être Elie qui serait revenu.
Jésus n'est donc pas le prophète Elie revenu sur terre.
Jésus pose alors la question aux disciples, "Et vous, qui dites-vous que je suis?"
Le premier, Pierre prend la parole et dit "Le Messie de D.ieu", c'est-à-dire celui qui a reçu l'onction, celui qui est habité par l'Esprit de D.ieu et qui vient instaurer le Royaume de D.ieu.
Et d'ailleurs, pour Pierre la multiplication des pains en est la preuve.
Jésus ne contredit pas Pierre, mais dès qu'il donne sa réponse, Jésus lui interdit de la répéter, "Il leur défendit vivement de le répéter à personne...".
Les prophéties d'Isaïe (Yéchâya (Isaïe) 53) et de Zacharie (Zékharya (Zacharie) 12, 10-11 ; 13, 1) annonçaient déjà les souffrances du Messie.
Mais au temps de Jésus, bien peu pouvaient accepter cette éventualité.
Le Messie était attendu comme un chef de guerre triomphant qui libérerait le peuple juif de l'occupation romaine.
Jésus veut inciter les disciples à comprendre, se démarquant des opinions de la foule sur le Messie triomphant, que la mission du Messie est une mission de service et pas de puissance.
La foule n'est pas encore prête à l’accepter. Il ne faut donc pas lui dire les choses trop vite.
Jésus avertit aussi ceux qui le suivent qu'ils doivent, eux aussi, emprunter ce chemin de renoncement, "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il prenne sa croix chaque jour".
Il veut leur dire que s'ils se conduisent comme lui, les disciples ne seront pas mieux traités, "Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi, la sauvera" (Jean 8, 36).
Les dernières phrases s'adressent en réalité à la foule et non plus seulement aux disciples. L'invitation est faite à tous les hommes.