Premier film fait par, mais aussi avec et pour Michaël Youn, Fatal adapte la vie de son héros précédemment entrevu, Fatal Bazooka. Alors attention, ne vous prenez pas les pieds dedans, voici un film destiné principalement aux fans. Non pas qu’il soit impossible d’apprécier le film sans les références précédentes, bien au contraire, mais si vous êtes réfractaires à l’humour Youn, mieux vaut passer votre chemin. Encore que, vous rateriez un premier film plutôt bien foutu.
Fatal, c’est donc la super hyper hype pop star du rap qui déboîte, chaîne bling-bling autour du cou, soirées à gogo et filles en bikini à foison, qui collectionne les oeuvres d’arts (ou non) dans sa grosse villa avec ses potes musicos. Bref, le nabab du rap over ze world qui déchir’. Mais voilà que débarque une nouvelle idole, Chris Prolls, sans la biscotte mais un physique impeccable pour une musique électro-bio (!) pour un renouveau implacable. Mis au ban du chic et des pailettes, Fatal rejoint sa Savoye natale pour mieux se retrouver… On ne dira pas que l’histoire déborde d’originalité, mais Youn nous sort le destin épique d’un personnage qu’il a exploité à la télévision puis en musique. Il était donc facile de continuer cette filiation artistique pour en faire le sujet de son premier long métrage en tant que réalisateur. Bourré d’humour tel qu’on lui connaît, sans non plus aller chercher trop loin (il faut rester un minimum grand public, en même temps ça évite le lourdingue..), avec sa galerie de personnages secondaires (spécialement le trio excellemment bien choisi composé de Vincent Desagnat – Jérome Le Banner – Fabrice Eboué), le film se laisse regarder avec grand plaisir, autour du personnage ou de la personne de Michael Youn, on ne sait plus trop.
Profitant de sa maitrise du film, Youn réalise, joue, co-écrit l’ensemble et donne vie à son univers sans oublier d’apporter la forme et le fond. Rythmé, on voit donc Fatal s’écrouler et rebondir sans ennui, en regrettant peut être un retour un peu trop rapide sous les feux des projecteurs. Mais on comprendra la volonté de ne pas trop en faire (par exemple l’album de Fatal n’est quasiment pas repris) pour conserver quelques idées de côté pour d’éventuelles suites, ce qui ne serait pas inutile. Dans la foulée, Youn aligne ses anciens camarades, les critiques, les blogs, les producteurs, les présentateurs de télé… Sans forcément leur taper dessus, mais en leur offrant un petit taquet cinglant, qui est apprécié sans forcément servir à quelque chose.
On ressort donc content d’avoir passé un bon moment, d’avoir retrouvé l’univers d’un Fatal qu’on connaissait un peu, dans un film qui sort en tête de sa catégorie (Camping..) pour le moment, et permet à Youn de démontrer décidément des qualités de touche à tout. Reste à voir s’il va utiliser cela pour continuer sur cette voie, ou au contraire rebondir dans un domaine où on ne l’attend pas. Voir les deux.