Le résultat ? Un kaléidoscope visuel et sonore à travers les âges d'une Amérique pendue aux lèvres d'un homme multiple. Tour à tour poète, prophète, hors la loi, imposteur, comédien ou martyr de l'électrification du folk. Aucun des deux No direction home ou Don't look back n'avait traité avec tant d'objectivité et d’effets poupées gigogne un biopic, un individu même. C'est presque de la psychanalyse, c'est magnifique visuellement, ça ressemble parfois aux plans d’Anton Corbijn sur Control, c'est un puzzle poétique auquel on accède plus facilement c'est vrai en étant un minimum au courant du monsieur. Sans ça l'on passerait à côté de milliers de références, aux pochettes, aux titres, aux femmes, aux répliques cinglantes devant les journalistes.
Et puis bon, forcément on tient une BO en béton armé, constituée essentiellement de covers ultra select, interprété par un casting VIP du folk moderne: Kim Gordon de Sonic Youth, Yo la tengo, Sufjan Stevens, Anthony (d'and the johnsons), Jack Johnson (!), Calexico et ce groupe formé pour l'occasion, Million dollar baskers avec aussi Tomy Garnier le bassiste de Bob Dylan, Smokey Hormel (guitariste de Beck, Tom Waits...) ou encore Nels Clive (bassiste de Wilco). Pas mal quand même, même si tous les morceaux ne sont pas dans le film.
Au final et en d'autres termes, je peux vous dire que ce film est un vrai puzzle implosé avec des plans millefeuilles et une mosaïque de sons americana clairs comme la roche, formant une collection de chansons évidentes de simplicité, pour tout le monde. Enfin, in extremis, Dylan le vrai cette fois, interprète en ultra gros plan sur l'harmonica, Like a rolling stone. Générique final. On a presque essayé pendant 2h15 d'être Dylan, et au fond, on est tous un peu Dylan.
En bref: Un docu-film fleuve aux multiples approches sur un mythe intemporel de la musique. Indispensable pour tout être ayant un coeur et des oreilles.
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