Pour vous

Publié le 18 juin 2010 par Ladyblogue


"
Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence plus ou moins morale destinée, moyennant de coquettes sommes, à satisfaire les demandes les plus loufoques en matière de relations humaines. Promeneuse de grand-père en fauteuil roulant, lectrice de romans à l'eau de rose pour dame esseulée, tour raconteuse de mensonges, consolatrice de veuf ou de divorcé, écrivain public de lettres passionnées pour amant malade, prêteuse de ventre pour mère en manque... Delphine s'oublie dans les malheurs des autres.

Mais à trop jouer avec les sentiments des autres, on finit par se trouver face aux siens, ceux que l'on ne peut contourner, et encore moins monnayer.

J'ai passé un très bon moment. Pas un livre inoubliable, non, mais vraiment un bon moment. Un roman qui nous invite à une réflexion sur notre "monde" et sur les rapports humains. Jusqu'où l'homme peut-il aller ? Quel en serait le prix à payer ? Delphine n'est pas un personnage qui respire la sympathie, mais pourtant, en creusant - si l'on creuse - on s'aperçoit que c'est une fille, comme tant d'autres, qui essaie de comprendre, de trouver sa place et de faire "quelque chose" de sa vie. Quand aux autres personnages du livre, c'est une galerie de portraits plus vrais que nature.

Peur, égoïsme, solitude, manipulation et voyeurisme, "Pour vous" de Dominique Mainard cible très précisément les cercles profonds de notre société.

Prix des libraires en 2009.

Extraits :

"Les plus vertueux me disent : « Vous n'avez pas de cœur. Comment osez-vous profiter de la misère des gens ? Regardez-moi si vous en avez le courage », mais je peux m'exécuter sans baisser les yeux. Je pense : Vous me l'avez demandé, vous m'avez suppliée, vous m'avez implorée. Vous m'avez payée pour ça."

"Il me semblait parfois qu'Adorno n'avait pas tout à fait tort et que le gigolo avait quelque chose de commun avec moi, le don de se plier aux gens et aux circonstances, l'indifférence aux moyens employés, et le cœur sec, bien sûr. Mais je n'avais pas envie d'y penser, car cela serait revenu à admettre que j'étais moi aussi une voleuse, un voyou, une sorte de gigolo, cela serait revenu à admettre que Pour Vous n'était qu'une mince pellicule brillante recouvrant de sombres profondeurs, l'eau coulante noire dans le ventre des égouts."