COMME SI DE RIEN N'ETAIT, de Maxime COLLINS

Par Geybuss

Roman -  Transit Editeurs - 108 pages - 14.95 €

Parution Mai 2010

Résumé : Benjamin, Philippe, Dana et Éric sont amis depuis toujours. Après leurs études, ils sont tous partis vivre à l’étranger, chacun de leur côté, chacun pour vivre une aventure personnelle. Leur histoire est découpée en quatre chapitres qui racontent tour à tour les derniers mois, les dernières semaines ou les dernières heures de ces quatre protagonistes avant leur retour à Montréal, où ils se sont donné rendez-vous. Le livre se referme sur des retrouvailles, durant lesquelles chacun fait mine d’être resté le même, comme si de rien n’était. Comme si ce qu’ils avaient vécu, éloignés les uns des autres, leurs péripéties, leurs drames intimes, n’avaient rien changé à leurs vies.

                                        

Mon humble avis : Un premier roman québécois, assez court mais réussi et intelligent.

Quatre portraits, racontés par une cinquième personne dont on ne sait rien. Et quand elle se révèle, on est bouleversé. Les quatre protagonistes ont en commun l'amitié, un rendez vous annuel à l'aéroport de Montréal, leur jeunesse et la difficulté à trouver une place dans la société, dans le coeur des autres, dans leur couple, ou dans leurs propres corps. Et surtout l'inconséquence de leurs actes, qu'elle soit bénéfique ou négative. Benjamin se prostituerait presque pour une barrette de shit, Philippe est d'une timidité maladive, Dana choisit une profession sans en mesurer les risques pour son couple et enfin, Eric est amoureux de son meilleur ami... Un portrait sur le milieu gay, un autre sur l'homosexualité. Le premier m'a déplu, le deuxième m'a émue, car il s'agissait d'amour, de sentiments. Mais c'est le personnage de Philippe qui m'a le plus touchée.

Quoiqu'il en soit, ces quatre jeunes sont plutôt paumés, à la dérive, aux abois. Mais devant les autres, ils gardent la tête haute, enfouissant leur détresse et se comportant "comme si de rien n'était"... Comme cette phrase me parle.... Je suis tellement concernée que les mots me manquent un peu. Ce qui n'est pas le cas de Maxime Collins qui maîtrise très bien son sujet : la détresse d'une certaine jeunesse et l'interdiction que l'on se fait de ne pas laisser paraître notre vérité intérieure. Pour garder valeur aux yeux des autres, de la société et peut-être aussi de soi même... En cachant ses douleurs au monde, on entre dans le déni, et peut-être leur ôte t-on leur réalité...

Tout au long du livre, les mots sont justes et l'écriture soignée. La fin justifie vraiment les moyens et remue les tripes. J'ai relevé quelques phrases désormais cochées dans la marge... C'est avec plaisir que j'en partage certaines ici avec vous... C'est un livre à lire et un auteur à suivre désormais... Un de plus.... D'ailleurs, sur la blogo, nous avons la PAL, la LAL.... je lance officiellement la création de la LAS.... Liste des Auteurs à Suivre.... Qui me suit ?

"Philippe est seul, invisible...Alors, il relit les mêmes romans, se sentant aspiré dans des histoires où il se croit trouver une place."

 

Télévision, téléphone, internet... "Le cerveau devient un crématorium où des phrases s'entassent et attende d'être transformées en cendres."

 

" C'est une course équitable : la veillesse en forme contre la jeunesse à bout de souffle