Le nouveau dispositif du passeport mobilité a été présenté à la Réunion en mai dernier par Marie-Luce Penchard en personne. Ce dispositif, qui consiste en une aide au billet d'avion pour les étudiants d'outre-mer dont la formation n'existe pas sur place, prend désormais en compte les revenus des parents. Les boursiers continueront d'être aidés à 100%, les non-boursiers étant financés à 50%, ou pas du tout, selon les revenus du foyer. De plus, le calcul de l'allocation change : on prend désormais en compte le "prix moyen" du billet aller-retour vers la destination d'origine. C'est subtil, et ça va permettre à l'Etat de faire des économies. En effet, les étudiants qui partent en métropole ou rentrent pour les vacances prendrot forcément des billets en période rouge. Donc à des tarifs sensiblement plus élevés que le "prix moyen" du billet sur l'année... Autre hic : la complexité d'obtention de cette aide, avec notamment des certificats d'insciption à présenter en juin, alors que la rentrée universitaire se fait en septembre. Pour dénoncer la nouvelle mouture de ce passeport version rigueur, des étudiants d'outre-mer ont lancé il y a un mois un groupe facebook "Pour le retour du passeport mobilité pour tous les étudiants ultramarins», qui compte déjà plus de 4 000 inscrits.
Avec comme argumentaire : "La ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard a détaillé à la Réunion le nouveau dispositif des aides au voyage de la population ultramarine, qui seront désormais attribuées en fonction des ressources. Le financement des billets d'avion pour les étudiants qui ont choisi une filière qui n’est pas enseigné sur leur territoire n'est plus systématique!! Les billets ne sont remboursés qu'à 50% pour les non-boursiers! Aucune prise en charge pour les étudiants dont le foyer fiscal est imposé aux delà des deux premières tranches du barème fiscal. Ce n'est pas acceptable.
L'ancien système n'était déjà pas parfait et nous sommes nombreux à ne pas être remboursés sur nos billets précédents. Il faut que cela cesse !"
Le directeur général François-Xavier Bieuville de Ladom, l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité, relativise au micro de France Ô : "C’est 93% des étudiants qui demeurent concernés par un passeport mobilité étude, et par conséquent je crois que l’inquiétude est davantage liée à un manque d’informations sur la caractère objectif du dispositif qu’à un véritable changement de réglementation". En attendant, les parents des classes moyennes peuvent se préparer à mettre la main au porte-monnaie : 40 % des étudiants concernés n’auront que la moitié de leur billet pris en charge.
Gros bordel en perspective. Des syndicats (l'Unsa, en particulier) et des parlementaires se sont émus auprès de la ministre des nouvelles conditions d'attribution de l'aide. L’Association des étudiants réunionnais de Paris a écrit à la fin du mois dernier une lettre ouverte à la ministre de l’Outre-mer, pour demander le retour du passeport mobilité ancienne version.
C'est maintenant, au mois de juin, en pleine période de transhumance étudiante, qu'on va voir comment fonctionne ce système "juste et équitable", dixit Penchard.
Pour l'Etat, on commence à la savoir, il n'y a pas de petites économies...
François GILLET