Les futures tendances de la lecture numérique

Par Ebouquin


L’application iBooks développée par Apple est au coeur de la stratégie des derniers produits mobiles de la marque. Lors de la dernière WWDC, iBooks a eu le droit à une mise à jour qui sera disponible d’ici la fin du mois. La principale nouveauté est l’ajout de la compatibilité avec les fichiers PDF. Cependant, si iBooks a séduit un bon nombre de lecteurs, elle n’apporte rien de révolutionnaire par rapport aux applications Kindle, Kobo ou Barnes&Noble. Pourtant, le numérique nous apporte des outils qui, bien employés, pourrait bouleverser nos usages de lecture.

Kevin Rose, le fondateur de Digg.com, part du constat que la lecture numérique offre encore de possibilités inexplorées et envisage plusieurs axes à partir desquels Amazon ou Apple pourraient développer de futurs services. Je vous invite également à aller faire un tour sur LaFeuille où Hubert Guillaud traite du même sujet (il a été plus rapide que moi…).

Dans cette vidéo, Kevin Rose aborde 5 fonctionnalités qu’il souhaiterait voir débarquer rapidement sur nos outils de lecture numérique. Tout d’abord, des informations en temps réel sur les personnages. La forme rappelle fortement les jeux de rôle où chaque personnage voit mentionné son origine, son avancement dans le récit, les objets qu’il porte, ses pouvoirs etc. D’ailleurs, on peut tout à fait imaginer utiliser ce type de renseignement sur les personnages, dans un bouquin de fantasy ou SF, pour le rapprocher des fameux “livres dont vous êtes le héros”. Là encore, cette fonction a des perspectives quasi-infinies et que l’auteur gagnerait à utiliser pour construire son récit !

Autre fonctionnalité qui ne devrait pas tarder à arriver chez certains fabricants, l’échange de commentaires entre lecteurs. Amazon explore déjà cette piste avec le partage des notes sur Twitter et Facebook. Le lecteur pourrait avoir le choix de sélectionner la personne avec qui il souhaite partager sa lecture alors qu’Amazon propose uniquement une diffusion large sur les deux réseaux sociaux. On peut tout à fait imaginer que cette diffusion soit restreinte à vos amis utilisant la même application, afin de maximiser les échanges autour de la lecture.

Le prêt d’ebook est sûrement la fonctionnalité la plus attendue. Aujourd’hui, seuls les produits Barnes&Noble (Nook etc. grâce à la fonction LendMe) permettent de prêter un livre numérique, entre deux utilisateurs de la plateforme. Malheureusement, cette fonction est limitée : aucun prêt ne peut dépasser 15 jours et chaque livre ne peut être prêté qu’une seule fois. Dans ce cas, le livre numérique perd un avantage par rapport au livre papier… Limiter les usages bloque toutes les possibilités de partages et d’interactions qui peuvent être créées autour d’un lecteur. Il ne faut pas voir une personne qui prête (légalement) des ouvrages numériques comme une bibliothèque ambulante mais plutôt comme un utilisateur qui fait découvrir ses goûts et lectures dans son cercle d’amis. Du point de vue du marketing, le potentiel d’une telle fonctionnalité est colossal !

En poussant le concept, on peut imaginer que les deux lecteurs puissent discuter autour du livre prêté. Il serait autant possible de voir l’état de l’avancement de la lecture que de discuter autour d’un passage signalé. Un tel outil prendrait toute son utilité dans l’enseignement et plus précisément dans le cadre d’une classe.

Autre idée de Kevin Rose, proposer des statistiques de lecture : temps restant avant de finir un chapitre ou le bouquin, nombre de pages lues par minutes etc. L’idée est originale mais certains y trouveront sûrement leur compte.

Le créateur de Digg appelle également à une plus grande ouverture des livres sur le web. Ces propos sont ambigus car il laisse planer le doute sur quel acteur doit exercer le travail d’enrichissement. Est-ce que l’éditeur doit travailler avec l’auteur pour le pousser à enrichir ses textes? Une autre approche pourrait être plus intéressante : l’enrichissement d’un ouvrage par le distributeur. En effet, Apple et Amazon proposent déjà de rechercher la définition d’un mot sur Wikipedia, en cliquant simplement dessus. Rien n’empêcherait un distributeur de mettre en place une technologie de recherche qui ajouterait à la demande des vidéos, des contenus interactifs etc en fonction du texte. Il est tout à fait envisageable que les distributeurs et fournisseurs de technologies viennent enrichir les textes, gratuitement ou de manière payante. Le texte comme point de départ vers le monde du web. Le lecteur s’y retrouvera sûrement mais peut-être pas l’éditeur. A l’aube d’une révolution du travail éditorial?

Au final, ce sont six idées que nous livre Kevin Rose. En effet, il rappelle que le numérique pourrait remettre au goût du jour les clubs de lecture. La lecture numérique doit permettre de déclencher des conversations et de relier un lectorat éparpillé dans l’espace. L’usage social est une tendance importante de cette nouvelle manière de lire, dont le potentiel demeure encore inexploré. Cependant, de tels outils ne doivent pas être des fonctionnalités attachées à un service ou une plateforme mais, dans l’idéal, des protocoles ouverts et des standards inter-opérables afin de retrouver la même expérience avec une lecture-web et une lecture sur smartphone.

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