Un chat de gouttière, un chat plutôt vulgaire, taché de noir et blanc, un petit mâle aux grands sentiments, il se tenait dans une chaleur et une douceur amical au creux de mon assise. Il ronronnait souvent, une main posée sur son duvet soyeux, tranquille, aimable et respectueux de mes désirs. Je l'aimais ce chat.
Mais lorsqu'un être rentrait dans l'appartement, il détalait à grand enjambées vers le jardin ou une autre sortie. Je ne comprenais pas pourquoi. Il me faut du temps, un peu trop à mon goût, pour que la pièce tombe. Il me faut du temps pour que je saisisse la teneur des airs vicieux et toursiveux. J'ai compris bien plus tard, dans les turpitudes d'un divorce, que l'homme en question frappait, se montrait cruel envers ce chat en mon absence. Mais quelle idée, ce chat ne lui a rien fait. Quel sadisme ! Non, mais ! Le chat a disparu vers un autre havre de paix du moins je l'espère de tout mon coeur. Souvent, je pense à cette petite bête, elle m'a donnée tant de satisfaction, il n'est pas aisé de tomber sur un être sadique et bel et bien hypocrite. En aucun cas, si je l'avais su, je n'aurais pu tolérer cette attitude. Au regard de cette histoire, je sens et ressens que je ne suis pas encore au bout de mes surprises et de révélations tout aussi hypocrites. Ce chat vraiment n'a rien fait, il est arrivé au mauvais moment, au mauvais endroit tout comme moi. Une tendresse tout particulier pour ce petit félin et pour moi ...
Véronique Dubois