Oh! Comme cela faisait longtemps que je n'avais pas vu autant de "gamins" d'un coup! Des dizaines et des dozaines de nains qui courent dans tous les sens, suivis par des yeux aux aguets d'une très probable (et imminente) bêtise. "Ne touche pas ça! Descend de là! Viens ici! Reste là! Dis bonjour aux amis de Maman. Arrête de bouder." Tant de phrases sensées maîtriser ces "petits monstres". Tant de choses qu'ils vont essayer par tous les moyens d'éviter. Et c'est tant mieux! Désobéir, c'est repousser les limites, trouver son autonomie, sa personnalité, apprendre à prévoir les réactions des autres. Ca me rappelle de vieux souvenirs...
>>>Ecole primaire, entre le CE2 et le CM2, dans la saison automne-hiver. Ce cher jardinet laissé à l'abandon jusqu'au prochain printemps. A la récréation, qui dit abandon dit bonne cachette, qui sonne "N'allez pas là" dans la bouche des maîtres. Que disais-je auparavant? Ah, oui. Il faut désobéir. Automne: mission ramassage de noix (plus ou moins volées) avec un petit groupe de camarades. Au fond du jardin, d'où on ne voit même plus la cour, il y a une barrière et un noyer. Petit problème technique: le noyer est de l'autre côté de la barrière, les récoltes sont donc minces... Mais une solution est bien vite trouvée: les plus courageux et sportifs sautent la barrière ( une chute de 2 mètres pour une petite fille d'environ 1m20) et ramassent les noix tombées à terre, puis les lancent dans notre territoire. L'oreille toujours tendue, car au moindre signal il faut vite remonter: soit le maître arrive, soit la récréation est finie. Ce butin tant convoité est ensuite mis à l'abri des regards envieux: on construit un cabane de briques ("N'allez pas là-bas, dans l'angle du jardin: i y a plein de briques, du verre, du plastique, ça peut être dangereux...") que l'on prend bien soin de cacher, en la mettant contre un mur, dos à la cour. Hiver, le temps de la survie. Le trésor a été bien gardé; seules quelque noix manquent. Il fallait bien vérifier qu'elles ne pourrissaient pas... Une saison entière à grignoter le précieux met, toujours clandestinement. Une saison entière? Avec de la chance, oui. Mais une année, le plan avait échoué. Une semaine après la récolte, nous étions retournés voir la cabane. En l'ouvrant, on l'avait découverte presque vide: les petits nous avaient vus... Ce fut là la fin d'une grande carrière militaire pour tout un groupe de petits agents secrets.
>>> Quand j'y repense, j'ai l'impression que c'était hier. Et pourtant, aujourd'hui je ne reconnais plus personne. Les seuls "grands" sont déjà au collège, et même les maîtres ont changé. Et là, on n'a plus qu'à se trouver vieille, à parler avec les parents des chers petits. Oui, je leur assure, la dernière fois que j'avais vu leur fille, c'était à son baptême, et elle va déjà à l'école, elle parle, elle court partout. Oui, j'ai vieilli. J'ai 16 ans et je suis vieille. C4est dingue comme les facteurs d'âge changent en fonction de l'univers. Certes, je peux aussi me féliciter d'avoi mûri, quand je me vois assise sur la barrière, en train de lire, alors que les "grands" font des batailles d'eau... Mais quand même, ça choque considérablement. Tenez, j'en perds même mes mots...