Des dizaines de morts, des communes inondées, et des millions de foyers privés d’électricité, des centaines de Français sans foyers. C’est le bilan du passage des catastrophes climatiques qui ont eu lieu en France en 2010. Le réchauffement climatique figure désormais parmi les principales préoccupations des Français, inquiétude légitime face à des impacts majeurs qui se précisent. De l’avis unanime des experts du GIEC, le changement climatique est déjà en cours et ses effets commencent à entrer en action. Ceux-ci vont affecter de nombreux secteurs : agriculture, tourisme, pêche, aménagement du territoire, bâtiments et infrastructures, protection des populations…
- Des risques de catastrophes naturelles non anticipés
Certains risques de catastrophe naturelle sont bel et bien connus, mais ignorés, ou en tout cas mal pris en compte. 1987, 1988, 1999, 2003, 2009 et désormais 2010… Une longue liste de catastrophes naturelles historiques. D’ailleurs celle du 11 septembre 1992 fut marquante. L’Ouvèze connaît une crue importante qui dévaste la commune de Vaison-la-Romaine pour un bilan de près de 40 morts. L’éventualité de cette catastrophe avait plus ou moins été annoncée par le rapport Ponton, rédigé au lendemain des inondations de Nîmes en 1988. La France qui a été à l’abri durant de nombreuses années n’est pas épargnée !
- Le système de vigilance insuffisant dans le cas des inondations du Var !
Mise en place après la tempête de 1999, la carte de vigilance s’appuie sur l’historique des données et des dégâts causés par les épisodes météorologiques violents de ces dernières années pour définir le niveau d’alerte. Ce risque est ensuite croisé avec le niveau de risque d’inondation défini par le Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi), qui surveille les risques de crues des rivières. Cependant, le réseau de vigilances crues du Schapi ne maille pas finement tout le territoire. Dans le cas du Var, le réseau de surveillance des cours d’eau en cause dans les inondations des environs de Draguignan n’est pas encore en place. Le niveau de vigilance n’a donc pris en compte que le risque météorologique.
- Xynthia: Les leçons d’une catastrophe
Si dans le cas précis de l’épisode Xynthia, rien n’indique qu’il y ait un lien avec le changement climatique, on peut estimer en revanche que les dégâts occasionnés préfigurent bien les impacts possibles de la hausse future du niveau de la mer. Cette actualité montre que la prise de décision en contexte de crise est complexe et qu’il convient d’anticiper ce genre de situation en amont.
C’est dans cette optique que se place la réflexion sur l’adaptation de la France au changement climatique. Bien que les effets sensibles du réchauffement ne soient attendus que dans plusieurs décennies, les questions seront complexes. Il y aura à gérer des décisions structurantes à l’échelle de plusieurs dizaines d’années comme les infrastructures ou l’urbanisme doivent être anticipées de façon sereine en associant les compétences de chacun.
La mission d’information du Sénat rendait un rapport d’étape sur le drame. Intitulé Xynthia: Les leçons d’une catastrophe, le document évoque de « graves défaillances dans l’anticipation des risques« , liés aux tempêtes ou aux inondations. Il souligne notamment une occupation des sols trop importantes sur le littoral et dans les zones inondables, ainsi qu’une mauvaise coordination des services en cas de catastrophe. Les alertes météo, par exemple, sont « de bonne qualité », juge le rapport, mais les politiques ne sont pas toujours à même de les analyser. Dans ses recommandations, le sénateur (PS) Alain Anziani, appelle donc à « une véritable culture du risque » en France.
Rien ne montre que les tempêtes vont augmenter… »
L’adaptation de notre territoire au changement climatique est devenue un enjeu majeur qui appelle une mobilisation nationale.
Le rapport du groupe interministériel « impacts du changement climatique, coûts associés et pistes d’adaptation » qui a été rendu public en septembre 2009, donne des éléments montrant l’importance des impacts du changement climatique et des coûts ou des opportunités pour la France.
Ce rapport met en avant, à l’horizon 2050 et 2100 :
• Des pertes pour le secteur agricole, à cause des épisodes de canicule et de sécheresse, qui annuleront l’effet positif de l’augmentation de productivité des plantes avec l’augmentation du CO2 atmosphérique ;
• Un manque de ressource en eau dans les zones déjà en situation difficile ;
• En Languedoc Roussillon, 140 000 logements et 10 000 entreprises qui seraient touchés par une élévation d’un mètre du niveau de la mer ;
• Un patrimoine de routes nationales évalué à 2 milliards d’euros qui serait touché par une élévation d’un mètre du niveau de la mer ;
• une extension des zones touchées par le retrait-gonflement des argiles à cause des sécheresses amenant des dommages sur les habitations multipliant par 3 à 6 les coûts actuels de tels dégâts ;
• Des gains en matière de consommation d’énergie bien que le développement de la climatisation soit un facteur limitant de ces gains.
Les conditions climatiques actuelles, à l’origine de la puissance de Xynthia, ne signifient pas que les phénomènes de ce type seront plus nombreux dans les années à venir. En revanche, cela signifie sans aucun doute une augmentation de leur puissance. De plus, leurs conséquences risquent d’être plus graves à cause de la hausse du niveau de la mer. On a vu avec Xynthia que la conjonction de vents violents avec un fort coefficient de marée pouvait faire de terribles dégâts.
- L’avis Sequovia
Épisode météorologique inhabituel pour la saison, facteurs locaux aggravants… Plusieurs éléments ont contribué aux catastrophes dans la région Ouest de la France et dans le Var (Draguignan). Malgré les rappels réguliers de la nature et des experts, le Plan Prévention des Risques, qui s’impose dans la planification des documents d’urbanisme, n’a pas été traduit dans la réalité. Il serait donc nécessaire de repenser sérieusement la logique d’aménagement du territoire, d’utilisation des sols et d’urbanisation notamment dans les zones littorales. Il serait également nécessaire d’en finir avec un système où certains élus locaux autorisent la construction d’immeubles par des promoteurs immobiliers sans prendre en compte les lois littoral. Celles-ci doivent d’abord commencer à être appliquées afin d’éviter de futures catastrophes naturelles.
Selon le sénateur Yves Détraigne : « 23 500 communes sont exposées à un ou plusieurs risques naturels : cyclones et tempêtes, inondations, avalanches, mouvements de terrain, tremblements de terre, éruptions volcaniques, feux de forêt. Le risque le plus fréquent est le risque d’inondation avec 15 700 communes exposées à des degrés divers. Viennent ensuite le risque de glissements de terrains (5 932 communes), de tremblements de terre (5 100 communes), le risque sismique (1 400 communes) et le risque d’avalanches (400). »