il va finir par devenir chauve… par Paul Hémique”
Entendu à la fin de l’intervention d’un représentant de la majorité (Bertrand ? Lefebvre ? Woerth ?) défendant le projet du gouvernement sur les retraites, cet argument massue : « Les salariés qui cesseront le travail à 62 ans n’ont aucun raison de se plaindre car, avec l’allongement de la vie, ils auront trois années de retraite en plus ! » Du coup on respire ! Finalement le gouvernement ne nous pique pas deux ans : il nous en rajoute trois. C’est trop de bonté et je m’étonne que la délicieuse Laurence Parisot, épaulée à gauche par Jacques Attali et à droite par Jean-Marc Sylvestre, ne soit pas aussitôt montée au créneau pour dénoncer la faiblesse coupable d’un exécutif dont la rigueur n’est qu’apparence. En effet, si je compte bien : 3-2=1. On nous prépare donc une année de prestations supplémentaires laquelle, circonstance aggravante, se situera à la fin de la vie des bénéficiaires ; c’est à dire au moment où, les statisticiens ne cessent de le répéter, le vieux retraité est le plus cher à entretenir.
Il ne m’étonnerait pas que cette erreur inadmissible soit due aux cauteleuses manœuvres de quelques fonctionnaires des ministères du budget et du travail, rendus furieux par le petit effort de solidarité qui leur est demandé. C’est toujours pareil avec les privilégiés : Qu’ils soient patrons du CAC 40, héritiers des familles Michelin, De Wendel et Peugeot, ou rédacteur catégorie C quai de Bercy, dès qu’on touche, ne serait-ce que du bout des doigts, à leurs avantages, ils sont prêts à tout pour saboter les réformes les plus indispensables. Espérons qu’Eric Woerth saura déjouer la manœuvre et inverser le cours des choses. Rien de plus simple d’ailleurs : il suffit, dans un premier temps, de porter l’âge du départ à la retraite à 65 ans. Cette mesure aura le double avantage d’apurer les comptes et de faire disparaître une trace supplémentaire de l’oppression socialo-communiste, sous laquelle notre malheureux pays a gémi pendant tant d’années. Il ne restera plus, ensuite, qu’à interdire les sections syndicales d’entreprise, à supprimer la cinquième semaine de congés payés et, pour finir, à rétablir la peine de mort. La parenthèse sera, enfin, définitivement close et nous serons revenus à l’époque dorée où le meilleur économiste de France (donc du monde) gouvernait de main de maître un pays qui ne connaissait pas son bonheur.
Mais, écrivant cette dernière phrase, je m’aperçois que, contaminé jusqu’à l’os, par une idéologie égalitariste et sourde aux lois du marché, je ne suis pas allé assez loin dans mon raisonnement. Ce qui faisait la beauté du système d’avant 1981, c’est que les retraités avaient le bon goût de quitter massivement cette vallée de larmes dans les mois qui suivaient leur départ. Beaucoup, d’ailleurs, pour diverses raisons telles que silicose, ingestion d’amiante ou expositions répétées à diverses vapeurs toxiques devançaient l’appel. Porter l’âge de la retraite à soixante-cinq ans n’est donc qu’une mesurette. Si on veut revenir à la saine gestion d’avant les rouges, c’est à soixante-dix-sept ans qu’il faut fixer la fin de l’activité. Allez Eric ! Allez François ! Allez Nicolas ! Encore un effort pour être de vrais gestionnaires ! (Le Marquis de Sade aurait dit de vrais républicains, mais il s’occupait un peu trop de politique et pas assez d’économie).
PCC Chambolle .