Dimanche, ma fille aînée J. a fait sa communion privée, dans son école, Les Chartreux. C'était une très belle cérémonie. C'est le directeur de l'institution qui a fait la messe. C'est un intellectuel avec énormément de charisme, ancien professeur de philosophie, tous ses discours sont des friandises avec des tas d'exemples, de parallèles, de citations, il ne lit rien, alors une messe...
Depuis la rentrée dernière, j'ai mis mes filles dans la meilleure école de Lyon, réputation très élitiste. 100% de réussite au bac, 85% avec mention. Les enfants doivent être travailleurs et disciplinés sinon ils sont exclus. Ce n'est pas égalitaire mais ce n'est pas l'objectif de cette école.
Lorsque je dis dans quelle école sont scolarisées mes filles, on me regarde comme si j'étais une tortionnaire forçant ses enfants à trimer sans relâche. A la base de ce changement d'école, c'est justement ma fille qui se plaignait de s'ennuyer en classe et qui me réclamait une autre école. D'autres éléments, le manque de remplaçants, l'antenne relais sur le toit m'ont poussée à passer le cap. Je me suis dit que tant qu'à passer au privé, autant ne pas faire les choses à moitié, il serait toujours temps de les changer si ça ne collait pas. Effectivement, dans sa classe, la moyenne générale ne descend jamais en-dessous de 15. Tout est fait pour stimuler les enfants intellectuellement et pour les tirer vers le haut. Ça correspond à mes filles, elles sont assez studieuses et très demandeuses. Je suis très heureuse de l'enseignement, de l'accompagnement très respectueux, bienveillant mais strict des institutrices. Aucun enfant n'a le temps de s'ennuyer en classe et tous apprennent avec plaisir. Évidemment, ils ont beaucoup de travail à la maison pour valider tous ces apprentissages. Du moment que l'enfant aime ce qu'il apprend, a envie de bien faire, ce n'est pas un problème. C'est la raison pour laquelle, je termine tôt les soirs où ma fille doit faire ses devoirs, je ne veux laisser cette tâche à personne d'autre. Le mardi et le vendredi, je laisse une baby-sitter les récupérer et traîner sur le chemin du retour.
Je ne cherche pas à en faire des génies, je veux juste qu'elles aient plaisir à apprendre, qu'elles aient plus de choix pour leur orientation future. Pour le moment, elles veulent être monitrices de ski toutes les deux...
Ce que j'apprécie aussi énormément dans cette institution, c'est l'apprentissage du respect de l'autre, les valeurs morales y tiennent une grande place. Si j'ai un rdv, il y aura toujours un enfant pour me guider sans que je le lui demande mais qui me le proposera spontanément, il me tiendra la porte, sera poli. J'ai cru arriver sur une autre planète la première fois que j'ai mis les pieds dans ce lieu.
Je suis tellement navrée du manque de moyens de l'école publique, du manque de reconnaissance de nombreux instituteurs consciencieux, motivés. Tout est fait pour que les parents lassés et pouvant choisir, inscrivent leurs enfants en privé. Autour de moi, c'est la débandade.
On est bien loin de "liberté, égalité, fraternité". D'ailleurs je lis "Le quai de Ouistreham" de Florence Aubenas en ce moment. Ça remet les choses à leur place, tant de misère, de désespoir dans notre pays me sidèrent.
Mais je sais que ce n'est pas en militant, que mes filles profiteront maintenant d'un quelconque changement. Je suis une maman et je veux le meilleur pour mes filles à condition qu'elles y trouvent plaisir.
J'ai vraiment savouré ce dimanche particulier. J'aime ces rassemblements autour des enfants, tant de joie et d'amour s'en dégagent.
Mon mari et moi, en ce grand jour.
J'ai tant apprécié d'être aux côtés de ma fille pour vivre cette journée importante pour elle, entourée de sa famille et de ses amis. Elle grandit, je suis si fière d'elle, elle ne mesure pas à quel point.
Ma fille, heureuse.
Ma revendication de départ au moment du diagnostic "je veux voir mes filles grandir" n'a jamais été plus d'actualité qu'en ce jour.
Allez je retourne préparer la rentrée, les inscriptions aux activités, les démarches, pour que tout soit prêt et qu'on puisse bientôt partir l'esprit léger en vacances.
Encore une rentrée que je vais vivre, encore une victoire...