Woerthgate : encore un gate pour Sarkozy

Publié le 18 juin 2010 par H16

En ce 18 juin, on va pouvoir célébrer ! L’appel du Général en temps de guerre. La défaite de Raymond Domenech, qui aura osé un assemblage de joueurs qui, s’ils avaient été des fromages, aurait été un motif de meurtre au pays de la gastronomie. Et surtout, un nouveau « x-gate », après Karachi et Clearstream.

Une République irréprochable, qu’il disait. C’était en 2007. Le frétillant candidat à l’élection présidentielle assurait sur toutes les ondes, à qui souhaitait l’entendre, qu’il voulait pour son quinquennat une République irréprochable, avec un gouvernement resserré pour une réforme plus profonde, plus durable, plus mieux.

C’est raté.

En terme d’échec, c’est même assez phénoménal, à mi-chemin entre un film de BHL et l’obtention du brevet de pilote pour Mohammed Atta. Et pour un président, cela se traduit par des fonds de culotte notoirement marqués et, plus prosaïquement, par une démission gouvernementale (enfin, normalement …)

Cette affaire, comme bien souvent dans les cas épineux où les grosses légumes sont touchées, n’aura pas été dévoilée dans la presse mainstream traditionnelle. Ce ne sont donc pas Le Figaro, Le Monde ou Libération qui se seront fendus d’un communiqué croustillant. Parions cependant que l’affaire ne va pas en rester là et qu’à présent que le chat est sorti du sac, la presse nationale va prendre le relai et faire un peu son travail.

En l’occurrence, c’est donc Médiapart, un média internet, qui explique en substance qu’une partie de l’évasion l’optimisation fiscale mise en place pour Liliane Bettencourt a été réalisée par la femme d’Eric Woerth lui-même, et que ce dernier a assuré à la fortunée, dans le cadre de l’affaire qui oppose la milliardaire à sa fille, le service après-vente de l’Elysée.

Les enregistrements sont synthétisés ici et là.

C’est assez cocasse, quand on y pense.

Parce qu’à vrai dire, on se doute bien que tout ce petit monde, tant Woerth que d’autres, n’arrête pas, justement, de faire de la fuite fiscale à un niveau de compétition olympique : d’une part, pour des fortunes majeures comme celle de Bettencourt (un quart de L’Oréal, tout de même), c’est une routine logique qui vient avec les participations multiples, croisées et complexes dans les douzaines de sociétés et de holdings qui forment ce type de fortunes. D’autre part, pour les politiciens, connaissant précisément l’ampleur des ponctions ainsi que les niches – puisqu’ils les votent – on comprend que la tentation est grande d’affiner au plus juste l’impôt résiduel qu’ils consentiront à payer.

En pratique, ces manœuvres montrent en réalité très bien l’hypocrisie des responsables qui montrent du doigt les paradis fiscaux, s’en servent en cachette, et admettent ainsi en contraposé que la France est bel et bien devenue, lentement mais sûrement, un enfer fiscal que tout être normalement constitué fait absolument tout pour fuir une fois qu’il a compris que c’est possible et comment s’y prendre.

Au-delà du cas pathétique de Woerth dont on sent déjà qu’il va tourner en jus de boudin médiatique à l’approche des grandes vacances, on peut noter la recrudescence actuelle des « affaires » plus ou moins sordides et tout aussi amusantes montrant justement à quel point tout ce petit monde est corrompu au point de ne même plus comprendre qu’ils ont abusé : 12.000 euros de cigares payés par le contribuables, c’est  honteux. 45.000 euros pour faire voyager une secrétaire d’état et quelques sous-fifres, avec suites réservées dans un cinq étoile, en temps de crise, ça choque. Plus de 100.000 euros pour un aller-retour France-Martinique, ça fait cher du round-trip pour faire le beau après un tremblement de terre.

Bref : ce n’est pas la première fois. C’est même tellement fréquent que l’écœurement a laissé place, pour bien des Français, à la résignation (mais qui ne va pas, incroyablement, jusqu’à chier dans les urnes citoyennes, républicaines et de plus en plus vaselinesques).

Français, tout montre que les politiciens, totalement déconnectés de la réalité, ont complètement oublié ce que vous êtes, ce que vous gagnez, ce que valent les choses et le prix de vos efforts. Ces politiciens, qui collectionnent les casseroles, les rolex ou les cartes centurions, n’ont plus ni respect pour vous qui n’êtes à leurs yeux que les paisibles ovins qu’on tond sans méchanceté mais sans hésitation, ni solution pour le pays qu’ils ont, consciemment ou non, par leurs actions et leurs omissions, flanqué dans le fossé avec, au mieux, l’incompétence la plus crasse et ingénue, et au pire, le cynisme le plus froid et le plus calculé.

Français, vous avez, tous, les moyens de vous sauver dix fois des problèmes hideux que ces politiciens vous ont créés et que vous avez acceptés, par facilité, par habitude, par confort et parfois par manœuvre pour profiter des autres sans comprendre que le dupé, la victime, c’était vous-même.

Français, ils vont, dans les prochaines semaines, continuer à vous tondre comme jamais. Ils vont continuer à vous mentir, à vous endormir, à vous promettre des paradis aussi artificiels que ridicules ; ils vous vendront du vivre-ensemble, du bisou, de la solidarité gentille et lobotomisée, lamineront votre pouvoir d’achat par la ponction, la taxe et l’inflation.

Français, ils vous ont menti pendant 30 ans. Ils vous ont spolié pendant 30 ans. Et ils promettent de le faire encore pendant des décennies.

Français, après tout ça, vous votez encore ? Vous payez encore vos impôts ?

Français, votre stoïcisme laisse pantois.