Plus de la moitié des habitants de Gaza ont moins de 18 ans, et l'interruption de leurs études à cause d'Israël aura sans doute un effet dévastateur. (Photo The Palestine Chronicle)
L'attaque de la flottille anti-blocus israélien de la bande de Gaza a coûté la vie à plusieurs militants et a fait de nombreux blessés. Cet événement brutal montre à quel point le blocus imposé à ce territoire depuis juin 2007 est étouffant, sorte de punition collective, en violation totale du droit international humanitaire.
Amnesty International s'est adressée hier au ministre de la Défense israélien, en demandant une enquête immédiate, indépendante et crédible sur cette attaque mortelle perpétrée par ses forces armées et les allégations selon lesquelles les soldats auraient été attaqués avec des armes. Pour cela, Israël devrait inviter des experts de l'ONU à participer à ces recherches. Amnesty a également demandé aux autorités israéliennes de rendre publiques les règles d'engagement émises aux troupes, parce que vraisemblablement, la réponse à l'avancement de la flotte de la côte de Gaza était tout à fait disproportionnée. Israël affirme que ses forces ont agi en légitime défense contre une attaque des militants. les militants avaient auparavant expliqué que leur objectif principal était la protestation pacifique contre le blocus israélien, ce qui rend l'utilisation de la force meurtrière inacceptable.
En tant que puissance occupante, Israël a le devoir d'assurer le bien-être de la population de Gaza sans aucune discrimination, le respect des droits de l'homme - y compris le droit à la santé, à l'éducation, au travail et à un niveau de vie satisfaisant qui inclut le droit à l'alimentation saine et au logement salubre.
Depuis la mise en œuvre du blocus, les cinq points de passages de la frontière entre Israël et Gaza et Israël et Cisjordanie ont été fermées. Le portail de Rafah entre Gaza et l'Egypte contrôlé par les autorités égyptiennes est resté fermé la plupart du temps. Israël mène une politique d'interdiction absolue de circulation des personnes et des biens, mises à part les nécessités de base apportées par les organismes d'aide internationaux.
Les autorités israéliennes affirment que le blocus de Gaza est une réponse aux tirs de roquettes palestiniennes lancées à partir de la frange vers le sud d'Israël. Mais le blocus n'est pas spécifique aux groupes armés, il punit la population de Gaza dans son ensemble en limitant l'entrée des vivres, des médicaments, du matériel éducatif et des matériaux de construction. Ses effets se font sentir surtout parmi les plus vulnérables des 1,5 million habitants du territoire : les enfants, les personnes âgées et les malades. Cela a provoqué une crise humanitaire de grande envergure, dont est responsable le gouvernement d'Israël.
L'opération « plomb durci », qui s'est étendue de la fin décembre 2008 à la mi-janvier 2009, a fait de cette crise humanitaire une catastrophe. L'opération a tué 13 Israéliens et des dizaines de blessés dans des attaques à la roquette lancée de façon discriminatoire par des groupes armés palestiniens. Mais dans la bande de Gaza pendantles attaques israéliennes plus de 1 380 Palestiniens ont été tués et de nombreux bâtiments et infrastructures civiles ont été détruits, y compris les hôpitaux et les écoles et les systèmes d'approvisionnement en eau et l'électricité. Des milliers de maisons palestiniennes ont été détruites ou gravement endommagées. On estime que 280 des 641 écoles à Gaza ont été endommagées et 18 détruites. Au début de l'année scolaire 2009-2010, de nombreux étudiants de Gaza ont été obligés de suivre leurs cours sans livres ni de quoi écrire, alors même que des camions chargés de fournitures scolaires étaient retenus par Israël au passage de Kerem Shalom. Plus de la moitié des habitants de Gaza ont moins de 18 ans, et l'interruption de leurs études en raison des dommages causés pendant l'opération et la persistance du boycott d'Israël aura sans doute un effet dévastateur.
Les hôpitaux ont également été durement touchés par l'offensive militaire et le blocus. Les autorités israéliennes ont refusé à plusieurs reprises l'entrée des camions de l'aide médicale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a Gaza, et ce, sans donner la moindre explication. L'OMS a identifié les risques pour les personnes qui ont besoin d'un traitement médical urgent, et en 2009, a indiqué que, en raison du retard, 28 patients sont décédés dans l'attente de leur permis, dont 14 devaient entrer en Israël par le passage d'Erez.
Le chômage monte en flèche dans la bande de Gaza, et les entreprises survivent à peine avec le blocus. En décembre 2009, l'ONU l'estimait à plus de 40%.
Le blocus a étouffé presque tous les aspects de la vie des habitants de Gaza. En raison du chômage massif, l'extrême pauvreté, l'insécurité alimentaire et l'augmentation des prix des aliments causée par la pénurie, quatre sur cinq habitants de Gaza dépendent déjà de l'aide humanitaire.
Le Gouvernement israélien continue en toute impunité d'aggraver les souffrances de la population civile de Gaza et de violer ses engagements envers la communauté internationale dans le domaine des droits de l'homme. Le blocus de Gaza doit cesser.
Esteban Beltran est le directeur d'Amnesty International - Espagne.
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