Des milliers de personnes passent devant tous les jours sans savoir ce que c'est. Elles sont là, juste derrière l'arrêt du TEOR Théâtre des Arts. Ces quelques vieilles pierres sont en fait les ruines de l'ancienne église Saint-Vincent-sur-Rive.
Fondé dès le Xème siècle sous le patronage de Saint Vincent de Saragosse, patron des mariniers, l'édifice accueillait les armateurs, le personnel du port et les marins venus de tous horizons. Ainsi, s'y sont croisés des bretons, des scandinaves, des espagnols et même des amérindiens. Sa construction fut longue et chaotique, s'étalant sur près de neuf siècles. Pourtant cette paroisse fut longtemps l'une des plus riches de la ville, en effet, elle percevait un impôt sur le sel transporté par les navires de commerce, rappelant que Rouen fut un des plus grands ports d' Europe grâce à la Seine. Ainsi, différents styles architecturaux se côtoyaient dans cette structure, qui était richement décorée de mobiliers et de sculptures. Malheureusement, la Seconde Guerre Mondiale endommagea gravement le centre-ville rouennais, notamment les quais. Bombardée à maintes reprises entre le 19 avril et le 31 mai 1944, l'église était irrécupérable. Lors de la reconstruction, on entreprit de raser ses ruines pour construire la rue du Général Giraud. Il en reste désormais quelques pierres, mais une seconde vie a été redonnée à ses vitraux, cachés pendant la guerre, et remontés dans la moderne Sainte-Jeanne-d'Arc, avec quelques lambris et une statue. Une de ses cloches a aussi été remontée près des halles.
« L'architecture, c'est ce qui fait les belles ruines ». Auguste Perret.