Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.
Billet publié le 6 décembre 2008.
En quittant Montréal, j’ai abandonné, tristement il faut le dire, mon blackberry. On pouvait me rejoindre partout, m’écrire partout, je gérais mon agenda à distance. Malgré les craintes de cancer de cerveau, le bonheur. Je me disais que mon séjour ici allait réduire la pression sur le cerveau (et son cancer) et que des communications ‘pluss vraies’ allaient pouvoir s’installer dans ma vie. Bêtise. Haïti, comme bien des pays pauvres probablement, est le royaume du cellulaire. Partout. Tout le monde. Dans un pays ou les lignes téléphoniques volent au gré des ouragans, c’est un peu normal. De la publicité et des vendeurs de cartes habillés de rouge (Digicel) ou de vert (Voilà) sillonnent toutes les rues de PAP, presque sans exception. Chaque citadin a son cellulaire, plusieurs en ont deux. Et ce même si plus de 75 % des résidents de la ville vivent avec moins de 2$ américains par jour (statistiques diffusées par SUCO). Les téléphones les moins dispendieux se vendent 25$ américains. L’appel coûte 5 gourdes la minute (à peur près 0.12 $ la minute). Lors de notre séjour de l’été dernier, on a fait une randonnée à cheval sur l’Île-à-Vache (à moins que ce ne soit l’inverse !). Janel, qui randonnait avec nous entre les villages, assis sur une paillasse comme selle et vêtu d’un seul short (avec pas de souliers), recevait des appels sur son cellulaire ! Le problème des haïtiens face au cellulaire, outre le fait de pouvoir se payer le service, est de trouver de l’électricité pour recharger la batterie. Le niveau d’électrification en Haïti est très faible (10 % de la population ont accès à l’électricité (source : données de l’ACDI)) mais surtout, très instable. En moyenne trois heures de courant par jour à Port-au-Prince, surtout la nuit. Ainsi, le chanceux du coin qui a de l’électricité voit tous les voisins venir se brancher chez lui pour recharger l’engin. Au Cap-Haïtien, j’ai vu un magasin Digicel (ceux qui sont en rouge) qui offrait sur sa devanture un panneau composé d’une centaine de prises de courant. Un libre service d’électricité. Le chauffeur profite de son travail pour recharger son appareil dans la voiture. Les garçons de cours et les agents de sécurité, se branchent chez leur patron, en plus d’inviter leurs amis et les membres de la famille à venir y chercher de l’électricité. Vous ne pouvez pas vous imaginer comment les haïtiens sont ingénieux pour brancher un nombre maximal de téléphones sur la même prise. 10, 20… pas gen pwoblèm !