Je le soulignais dans mon récent article sur le piratage des jeux de consoles portables, les chiffres de pertes financières dues au piratage fournis par les sociétés de l'industrie du divertissement sont souvent démesurés. Et aujourd'hui, c'est une agence gouvernementale même des Etats-Unis qui appuie cet avis.
En effet, la USITC ( US International Trade Commission , soit la Commission Américaine du Commerce International) a recueilli divers avis après une conférence où l'industrie américaine aurait publié des chiffres de pertes due au piratage par la Chine. Et il semblerait que beaucoup soient sceptiques vis à vis des déclarations faites, et ce même au sein des sociétés de protection des droits d'auteurs, comme la MPAA ou la RIAA ( !!! ). Voilà la traduction de plusieurs déclarations :
- Fritz Foley, professeur à l'Ecole de Commere d'Harvard met en doute la façon de calculer le pertes :
"Cela semble quelque peu insensé.[...]De considérer que quelqu'un qui paierait une petite somme pour un produit piraté serait une personne qui achèterait pour 6 à 10 fois plus cher le vrai produit.[...]Faites attention lorce que vous utilisez les informations des multinationales. J'imagine volontiers qu'il ont tendance à faire apparaitre leurs pertes très, très grandes."
En effet, la quasi-totalité des entreprises de l'industrie du divertissement considère que une copie piratée = une copie légale non acheté. Let's dream....
- Per Yu, professeur de droits de la propriété intellectuelle à l'University de Drake, considère qu'il y a deux aspects dans le piratage. Notamment que par exemple, la contrefaçon chinoise peut employer les américaines et utiliser des ressources et matériaux venant des USA. Ce n'est donc pas des pertes brutes. La même comparaison s'applique pour le piratage, comme pour (à l'époque ) les cassettes VHS n'étaient pas des pertes brutes pour l'industrie du divertissement dans les années 70 et 80.
- Enfin, Daniel Chow, professeur de droit à l'Université d'Ohio pointe du doigt le manque de données pour confirmer les déclarations des industriels face au piratage (données quasi-inexistantes à l'heure actuelle). De plus, il considère que les efforts pour lutter contre le piratage sont inefficaces actuellement, et qu'il faudrait commencer à penser sur le long terme.
"Un conseil que les industries seraient avisées de suivre, considérant que à chaque conflit sur les copyright du passé, malgré les pertes à court terme, des bénéfices et une croissance incontestable se sont avérés sur le long terme" enchaine Ben Jones de TorrentFreak.
Pour faire bref, on peut résumer tout ça en disant que il est dans l'intérêt des industriels de pondre des chiffres de pertes abyssaux, qu'il n'y a que très peu données actuellement pour confirmer, qu'il faut repenser les dégâts véridiques tout comme les avantages apportés par le piratage, et enfin qu'il faudrait commencer à penser autrement qu'à bêtement taper sur le premier venu sous prétexte qu'il encourage le piratage.
Plus qu'à espérer que le message passe.
Source : TorrentFreak
Image : Flick