Code 1000-07
Localisation : Latitude 52.558° Nord, Longitude 158.03° Est
Alerte aviation : Alerte Niveau Orange
Alerte volcan : Niveau Alerte inconnu
Alors qu'au 10 juin 2010, l'alerte aviation, pour les volcans Sheveluch, Klyuchevskoy, Karymsky, était Alerte Niveau Orange, pour le Bezymianny, Alerte Niveau jaune, et pour le Tolbachik Polsky, le Koryaksky, l'Avachinsky, le Mutnovsky, le Kizimen et le Gorely, Alerte Niveau vert dans la péninsule du Kamtchatka, l'Alerte aviation, pour le Gorely, les médias russes, dans un bref article de presse mentionnant que le volcan a produit un panache de cendres s'étendant sur une centaine de kilomètres, interrompant des vols dans l'espace aérien Kamtchatkais et menaçant une centrale géothermique, est passée Alerte Niveau Orange.
Jusqu'à preuve du contraire, l'omertà semble de mise de la part du Kamchatkan Volcanic Eruption Response Team, - KVERT -, qui n'a émis aucun commentaire, ni la moindre dépêche à ce sujet, une éruption, plus ou moins importante, serait en cours sur le Gorely. Seul le MODVOLC, un algorithme non-interactif développé par l'Institut de géophysique d'Hawaï Planétologie, - HIGP -, et utilisant une faible résolution spatiale infrarouge des données satellitaires acquises par le spectroradiomètre-imageur à résolution moyenne, - le MODIS -, a détecté et enregistré des anomalies thermiques sur le volcan Gorely et autour de l'édifice volcanique.
Si l'on s'en réfère au site anglophone, « Eruptions », , relayé par le site francophone, « Activolcans », Dépêche n°3951 du 17 Juin 2010, « Le Gorely a produit, il y a déjà quelques jours, - 11 ou 12 juin -, un panache de cendres qui a localement perturbé le trafic aérien mais n'a posé aucun problèmes aux habitants de la région, si ce n'est à une centrale géothermique installée à proximité. Aucune information n'a, pour le moment, été fournie par le KVERT et le VAAC de Tokyo n'a pas du tout réagit à la présence du panache de cendres. L'édifice est pourtant bien dans une phase d'activité un peu plus intense que la normale en ce moment car le MODVOLC commence à enregistrer des anomalies thermiques sur l'édifice. »
Ce volcan se situe dans une zone volcanique, la péninsule du Kamtchatka, comprenant plus de 300 volcans dont plus d'une trentaine sont actifs ou considérés actifs mais, la région Kamtchatkaise étant quasi désertique, excepté la capitale régionale comptant 350.000 habitants, le reste du territoire ne comptant que 0,3 habitant au kilomètre carré, les autorités civiles, depuis que la région n'est plus zone militaire hautement stratégique, semblent s'en désintéresser car il n'existerait, pour assurer tous les enregistrement sismiques et sismo-volcaniques, qu'un seul sismomètre de surveillance.
De mémoire, il n'y aurait plus eu d'éruption connue, donc déclarée par les autorités civiles et le KVERT, depuis 1986. Pourtant, avec ses cinq cônes chevauchant une caldeira elliptique de 10 kilomètres sur 13, et une forte activité, avec la production de fréquentes éruptions, indices d'explosivité volcanique majoritairement de Niveau 2 et 3, au cours du XX° siècle, ce calme relatif prête à caution. Certes, des sources autorisées laissent entendre que le volcan aurait explosé, et certains jaillissements auraient même dégénéré durant la dernière décennie, mais faute de preuves tangibles, il est difficile de se prononcer. Enfin, l'éruption explosive qui est à l'origine de la caldeira, il y a 40 à 38.000 ans, avec éjection de plus de 100 kilomètres cubes de téphras, démontre que ce volcan est susceptible de produire des événements vulcaniens ou phréato-magmatiques de grande ampleur.
La péninsule du Kamtchatka, s’étirant entre la mer d’Okhotsk, à l'Ouest, la mer de Béring et l’océan Pacifique à l'Est, sur 1.500 kilomètres du Nord au Sud et 470 kilomètres dans sa plus grande largeur entre les latitudes 50.51° Nord et 64.50° Nord, d'une superficie de 472.500 kilomètres carrés, 4/5° de la superficie de la France, est située à l’extrême frontière orientale de la Fédération de Russie, au nord du Japon et au Sud-Ouest de l’Alaska. Sa population, 450.000 habitants, se trouve en majorité dans la capitale Petropavlovsk-Kamtchatsky, 350.000 âmes. En dehors de la capitale, la densité de la population n’est que de 0,3 habitant au kilomètre carré.
Cette terre déserte, de par sa situation géographique, - une zone de subduction des plus actives matérialisée par une fosse océanique, la fosse des Kouriles parfois appelée fosse Kouriles-Kamtchatka, de 10.542 mètres de profondeur maximum, des séismes et des volcans -, la plaque Pacifique-Ouest s'enfonçant sous la plaque d'Okhotsk à la vitesse de 10 centimètres par an, possède quelques uns des édifices volcaniques les plus virulents de la planète Terre et elle est, régulièrement, soumise à leurs colères.
Située sur la Ceinture de Feu du Pacifique, la péninsule du Kamtchatka, région du monde où s'y concentre le plus grand nombre, est, avec plus de 300 cônes volcaniques alignés en deux arcs parallèles, et culminant entre 1.500 et 4.750 mètres, par excellence, le pays des volcans. Ceux de la chaîne Ouest, quasi inactifs excepté l'Ickinsky, 1578 mètres, qui continue à mettre des fumerolles, sont d'âges Holocène, Pléistocène et, pour certains, Pliocène. Au différent, la chaîne Est est jalonnée par une trentaine d'édifices volcaniques géologiquement très jeunes, potentiellement actifs, dont dix-neuf d’entre eux, en activité quasi permanente, d'une grande variété de types de vulcaniens ainsi qu'une grande diversité de caractéristiques volcaniques associées, crachent ou vomissent, chaque année, environ 16 à 18% des matières éruptives du globe. Ils sont répartis en trois groupes : le groupe Nord avec le Shiveluch, 3.823 mètres, le Klyuchevskoy, 4.750 mètres, - âgé d’environ 8 à 9.000 ans, le plus haut volcan eurasien en activité éruptive presque constante émettant plus de la moitié du volume total des lave émis par tous les volcans de l'arc volcanique Kuril-Kamtchatka et un des volcans basaltiques les plus actifs du monde -, le Bezymyanny, 2.882 mètres, le Ushkovsky, 3.943 mètres, le Zimina, 3.081 mètres, et le Plosky Tolbachik, 3.085 mètres ; le groupe Centre avec le Maly Semyachik, 1.560 mètres, le Kronotsky, 3.528 mètres, le Komarov, 2.070 mètres, le Taunshits, 2.353 mètres, le Gamchen, 2.576 mètres, le Kikhpinych, 1.552 mètres, et le Karymsky, 1.536 mètres ; et le groupe Sud avec l'Opala, 2.475 mètres, le Gorely, 1.829 mètres, le Mutnovsky, 2.323 mètres, le Zheltovsky, 1.953 mètres, le Ksudach, 1.079 mètres et le Koshelevsky, 1.812 mètres; et, surplombant la capitale Petropavlovsk-Kamtchatsky, l'Avachinsky, 2.751 mètres, et le Koryaksky, 3.456 mètres.
D'après le Kamchatkan Volcanic Eruption Response Team, - KVERT -, de nombreuses éruptions majeures ont affecté, à l'Holocène, la péninsule du Kamtchatka, telles celles de l' Ilinsky, en 7618 avant J.C., expulsant 140 à 170 kilomètres cubes de téphras et laves ; du Ksudach, en 1806 avant J.C., expulsant 18 à 19 kilomètres cubes de téphras et laves ; du Khangar, en 6872 avant J.C., expulsant 14 à 16 kilomètres cubes de téphras et laves ; du Karymsky, en 7889 avant J.C., expulsant 13 à 16 kilomètres cubes de téphras et laves ; de l' Opala, en 1478 avant J.C., expulsant 9 à 10 kilomètres cubes de téphras et laves ; de l'Avachinsky,7151 avant J.C., expulsant 8 à 10 kilomètres cubes de téphras et /ou laves ; du Ksudach, 6007 avant J.C., expulsant 7 à 8 kilomètres cubes de téphras et laves ; du Kizimen, 7351 avant J.C., expulsant 4 à 5 kilomètres cubes de téphras ; de l'Avachinsky, 3512 avant J.C., expulsant 4 kilomètres cubes de téphras ; et du Shiveluch, en 965 après J.C., expulsant 2 kilomètres cubes de téphras. Plus récemment, des éruptions majeures se sont produites, en 1907, au Ksudach, avec expulsion de 1,5 à 2 kilomètres cubes de téphras, en 1956, au Bezymyanny, avec expulsion de 1,2 à 1,3 kilomètre cube de téphras, et, en 1854 en en 1964, au Shiveluch, avec expulsion de 1 kilomètre cube de téphras, et, en 1975-1976, au Plosky Tolbachik, avec expulsion de 1,18 kilomètre cube de téphras et laves.
Dans cet univers volcanique, de nombreux autres exutoires existent dans les zones thermales et les bains d'eaux chaudes, à Esso, à Malky et au sud d'Avacha, les fumerolles et les solfarates, les geysers, tout particulièrement ceux de la Vallée des geysers dont la découverte, en 1941, fut réalisée par la géologue-hydrologue Tatyana Ustinova, et les marmites de boue.
Dans la Vallée des Geysers, dans la réserve de Kronotsky, certains entonnoirs portant des noms évocateurs tels le Giant, le Géant, le great Triple, le Grand Triple ou le Firstling, le premier, des fontaines d'eau chaude et de vapeur jaillissent avec une périodicité stricte. Ce sont pas moins de 20 grands geysers et des dizaines de petits qui se comptabilisent le long d'une section de 6 kilomètres dans la vallée de la rivière Geysernaya dont les eaux ne descendent pas en-dessous de 19° C, même pendant la rigoureuse saison hivernale, et peuvent, même, par endroit, atteindre 26° C. Les plus grands geysers sont le Velikan, - un jet de 25 mètres de haut toutes les 6 heures -, le Zhemchuzhny, le Sakharny, le Troynoy, le Konus, le Fontan, le Maly, - 8 mètres de haut toutes les 35 minutes -, le Bolshoy, - 10 mètres toutes les 10 minutes -, et le Shchel. Au coeur de cette réserve se situe l'ancienne caldeira du volcan Uzon, découverte en 1854, qui est une vaste cuvette volcanique elliptique de 9 kilomètres sur 12 de diamètre avec des remparts de 200 à 800 mètres de haut, dans lequelle se concentrent de nombreux volcans de boue et des lacs thermiques.
Le volcan Gorely qui porte aussi les noms de Gorelaya sopka, de Pravaya Mutnosvskaya sopka, de Vtoraya Mutnovskaya, et d'Asacha, se situe au Sud de la péninsule du Kamchatka, à 75 kilomètres au Sud-Ouest de Petropavlovsk-Kamchatsky, la capitale du Kamtchatka. Il est implanté sur un plateau basaltique et basalto-andésitique daté du Pléistocène, étage Calambrien ou Ionien. Bien que de type bouclier qui avait, à son origine, 20 à 25 kilomètres de diamètre, il n'en est pas moins un strato-volcan implanté dans une caldeira elliptique, somme de la coalescence de plusieurs caldeiras, de 10 kilomètres sur 13 et dont les remparts s'élèvent entre 30 et 50 mètres de hauteur.