Jefferson Airplane #3 :
Paul Kantner : chant, guitare
Jorma Kaukonen : chant, guitare solo
Jack Casady : basse
Grace Slick : chant
Joey Covington : batterie
Papa John Creach : violon
La crise que le Jefferson Airplane rencontre en ce début d’années 70 ne vient nullement ou pas seulement du départ de Marty Balin, mais plutôt de la fin du rêve hippie tout simplement.
Les idéaux de la génération Woodstock se meurent tandis que les drogues dures s’imposent et créent les ravages que l’on connaît.
Ceux qui veulent continuer à vivre dans une utopie s’exilent dans des communautés dont la majorité deviendront des sectes ou tombent dans l’enfer de la poudre blanche.
Les artistes sont les premiers à ne plus croire que l’on peut changer le monde en chantant ou en offrant des fleurs.
Joni Mitchell a extrêmement bien résumé la mort du rêve : “On ne peut pas changer le monde, on ne peut pas changer les gens........faisons de l’argent.” (interview Rolling Stone)
Seul Lennon semble continuer à croire au message “love & peace”, puisqu’en 1973 dans “Mind Games” il chante : “l’amour est la réponse et tu le sais”.
Que vient faire le Jefferson Airplane dans ce contexte désabusé et cynique?
Que peuvent-ils encore bien chanter?
L’amour libre alors que Paul Kantner et Grace Slick sont désormais le parfait exemple du couple rangé ?
La vie en communauté alors que le groupe est maintenant divisé en deux ?
D’un côté le couple Kantner/Slick qui vient de donner la vie à une petite fille : China Wing Kantner.
De l’autre, le duo Kaukonen/Casady qui semblent vouloir continuer l’expérience Hot Tuna de manière plus sérieuse.
Dans ce contexte, difficile d’enregistrer un album dans de bonnes conditions.
Un nouvel album voit pourtant le jour en septembre 1971 : “Bark” (#11 US), produit par le Jefferson Airplane.
When the earth moves again (Kantner)
Feel so good (Kaukonen)
Crazy Miranda (Slick)
Pretty as you feel (Kaukonen-Casady-Covington)
Wild turkey (Kaukonen)
Law man (Slick)
Rock and roll island (Kantner)
Third week in the Chelsea (Kaukonen)
Never argue with a german if you’re tired or european song (Slick)
Thunk (Covington)
War movie (Kantner)
Un album chaotique voire carrément bordélique.
Un album qui s’est pourtant bien vendu, mais j’imagine que les fans ne l’ont pas écouté souvent.
Dans “Third week in the Chelsea”, Jorma Kaukonen parle de son départ prochain.
Unique single : “Pretty as you feel” (#60 US).
Deux mois plus tard, Kantner & Slick sortent un album en duo : “Sunfighter”, beaucoup plus intéressant et mieux maîtrisé.
Début 1972, Hot Tuna sortira son premier album studio : “Burgers”, qui est également une grande réussite.
Les critiques fusent de part et d’autre, chaque duo accusant l’autre d’avoir gardé les meilleurs titres pour leurs projets extérieurs, plutôt que pour le Jefferson Airplane.
Au printemps 1972, les séances d’enregistrement reprennent pour un nouvel album, mais l’ambiance est à l’orage et Joey Covington quitte le Jefferson Airplane.
Sammy Piazza de Hot Tuna viens donner un coup de main, pour être remplacé à son tour par l’ex Turtles et Crosby, Stills, Nash & Young : Johnny Barbata.
© Pascal Schlaefli