retraites : une réforme de droite

Publié le 17 juin 2010 par Despasperdus

Hier soir, tandis que le sinistre Woerth, suspecté de complicité de fraude fiscale, présentait la réforme des retraites sur TF1, l'improbable couple Thibault-Chérèque appelait sur France 2 à la mobilisation générale !

Ladite réforme s'inscrit dans la droite ligne des autres, avec un supplément d'injustices et un poids symbolique que n'ont pas ses prédécesseurs.

En une vingtaine d'années, une à une, les grandes conquêtes du mouvement ouvrier ont été éliminées au nom d'une modernité incertaine, d'un progrès introuvable [1] et d'une Europe fictive qui protège.[2]

Le pire, c'est qu'on trouve toujours, même à gauche[3], quelques grands esprits[4], pas encore impactés par cette politique revancharde[5], qui justifient cette régression sociale en concluant que la lutte des classes appartient définitivement au passé...

Pour cette réforme des retraites, le gouvernement a consulté syndicats et partis politiques, tout en distillant avec habileté quelques propositions destinées à rendre la pilule moins amère[6] avec le concours des médias dominants.[7]

Une savante communication gouvernementale pour enfumer le débat... [8]

D'abord, le pouvoir a créé un climat de peur en balançant des chiffres énormes et fantaisistes sur le refrain des générations futures victimes de nos inconséquences...[9]

Ensuite, il a désinformé[10] en évoquant diverses choses sur :

  • l'allongement de l'espérance de vie[11],
  • la pénibilité de certains métiers à prendre en compte,[12]
  • la taxation du capital et des hauts revenus,[13]

Et puis, plus tard : rétropédalage !

Il n'est plus question de pénibilité par métiers mais seulement au cas par cas, individu par individu, à la gueule du client... La taxation du capital disparait quasiment comme la mise à contribution des hauts revenus... Pour détourner l'attention, on reparle de la retraite des parlementaires ![14]...

Le gouvernement a allumé contre-feux sur contre-feux. En définitive, la droite impose un nouveau recul au Travail... qui profitera au Capital. La cheftaine du Medef, au parcours professionnel d'héritière[15], proteste mollement ! On la comprend :

L'injustice de cette réforme est résumée par un chiffre : 90 % des efforts seront supportés par les travailleurs et 10 % seulement par le capital et les hauts revenus. Ces derniers ne paieront que 4 milliards d'euros sur les 42 milliards de besoin à couvrir à l'horizon 2018. Ces 4 milliards sont dérisoires comparés aux 30 milliards d'euros par an de baisses d'impôts distribuées par la droite aux plus riches depuis 2002.[16]

La retraite à 60 ans sera réservée aux invalides, victime d'un grave accident ou d'une maladie du travail ! Les valides devront bosser jusqu'à 62 ans pour toucher une misérable pension, ou 67 ans pour bénéficier d'une pension à taux plein... L'objectif de droite est atteint : le système par répartition ne garantit plus une retraite décente pour tous... De réforme en réforme, la droite oblige ceux qui en ont les moyens à prendre une retraite complémentaire : en route vers la retraite par capitalisation ![17]

Cette réforme symbolise la dévalorisation du travail, cette valeur si souvent affichée par la droite quand elle dénigre les 35 heures.[18] . C'est aussi une arnaque qui d'une part, ne résout pas le problème de financement des retraites[19], d'autre part, impacte les autres comptes de la nation, et au final se caractérise par son clientélisme.

Bien-sûr, les médias dominants se gargarisent des maigres ponctions sur le capital et les hauts revenus... en la présentant comme la der des ders : un petit air de pipeau maintes fois entendu ! [20]

Ils omettent de signaler que le moment a été particulièrement bien choisi. En effet, la France devra renégocier au mois de juillet une bonne partie de ses emprunts...[21] Pour éviter une situation à la grecque ou à la roumaine[22], le gouvernement a donc devancé les désirs du FMI et de l'UE en annonçant cette réforme. La droite donne des gages aux spéculateurs pour conserver la fameuse note AAA ! [23]

Cette réforme injuste et clientéliste est une régression sociale sans précédent.

D'ailleurs, c'est à se demander si le capital n'est pas trop gourmand sur ce coup ? Pour la multitude des actifs, il n'y a quasiment plus d'espoir de vivre une retraite heureuse... Dès lors, qui voudra se défoncer au boulot, pour ceux qui en ont un ? Aussi, le système capitaliste néo-libéral risque soit d'exploser suite à une révolte sociale, soit d'imploser par désintérêt et désinvestissement général.

Notes

[1] une autre vie - Retraite : Si l'âge augmente, ce sont les ouvriers qui paient

[2] La lettre volée : Naufrage de la SNCF et des retraites : avec les compliments de la Commission européenne

[3] sarkobasta: Pétition rSa, une réaction du PS

[4] Le Point : Manuel Valls donne raison aux prévisions du COR

[5] Plume de presse - Retraites : une bataille de civilisation

[6] partageons mon avis : la retraite en retrait

[7] Brive-la-Gaillarde : pour que les seniors retrouvent toute leur place dans le monde du travail

[8] Peuples.net - Retraite: la caravane gouvernementale est stoppée au kilomètre 11.000 euros

[9] J.-L. Mélenchon : Une grotesque campagne d’affolement

[10] des pas perdus - Retraites, chômage-Arrêtons la désinformation !

[11] Ruminances - Retraites : une question de vie…ou de mort ?

[12] Les Echos - La pénibilité de certains métiers sera traitée séparément

[13] TF1 - Taxer les hauts revenus pour les retraites : "chiche", dit Mailly

[14] Lait d'beu : La très dorée retraite des parlementaires

[15] le village des Nrv - La France des dynasties ou les fils et les filles de.

[16] Parti de gauche : Travailler plus pour gagner moins

[17] des pas perdus : la crise confirme l'arnaque du système des retraites par capitalisation

[18] des pas perdus - TRAVAILLER (chômer) PLUS POUR GAGNER AUTANT (une retraite de misère)

[19] sarkofrance - Retraites : l'heure des mensonges est arrivée.

[20] Le coucou de claviers: Après-demain, la retraite à 115 ans

[21] J.-L. Mélenchon: un jour incertain

[22] des pas perdus : la Roumanie au régime FMI

[23] des pas perdus : AAA ce Baaaroin !