Eurosatory : une visite

J'ai pu passer la journée à Eurosatory, le grand salon de l'armement terrestre. Grâce à Charles que je remercie publiquement ici, j'ai pu accéder à des démonstrations et des explications privilégiées. Que dire de cette journée ?

D'abord, en introduction (j'étais avec deux aviateurs) : un discours terrien qui assume la technologie et ne se cantonne plus dans l'éternel discours sur la rusticité : mes deux chasseurs (Rafale) ont compris que l'armée de terre fourmillait de sophistication et s'assumait comme arme technicienne.

1/ Une ambiance assez favorable avec une affluence nombreuse. Toutefois, quelques regrets du côté du marché français. Le plan de rigueur annoncé (tout le monde évoque la coupe du budget triennal) apporte une certaine morosité. D'ailleurs, plusieurs interlocuteurs commentent le discours du ministre qui n'annonce pas la signature du contrat Scorpion, probablement en raison de ces restrictions à venir, alors que pourtant le contrat est (ou sera) signé. Autrement dit, pour ne pas froisser l'opinion française, on prend le risque d'un signal mitigé à l'exportation.

2/ Si lors des précédents salons, on parlait de sécurité (civile) ou de drones, le grand succès de cette édition revient aux véhicules "anti EEI" : hauts sur pattes, coque en V, double plancher, mais aussi un alourdissement et un renforcement des blindages avec donc des gabarits qui montent en conséquence.

A noter aussi la tendance à une autre forme de sécurité : celle des enceintes d'exposants fermées avec contrôle des accès, de façon à mener une protection passive des données industrielles : la guerre économique passive. Très visible sur le stand de Nexter, par exemple, ou celui de Thalès dans une moindre mesure.

3/ Chez Safran, très belle démonstration du Felin. Je n'étais pas très convaincu, auparavant, reculant devant le poids de la bête pour une utilité pas forcément évidente. Le capitaine du RMT (Régiment de Marche du Tchad), avec qui j'ai pu m'entretenir, m'a expliqué que sa compagnie n'avait pas perdu de chrono lors de son passage au CENZUB ( Centre d'entraînement aux actions en Zone Urbaine). Surtout, c'est désormais adaptable aux cuirasses actuelles. Avec une autonomie de 24 H. Et surtout, ils n'ont pas de problème dans le VBCI (Véhicule blindé de combat d'infanterie). Donc, c'est cohérent.

4/ Chez Nexter, j'en ai eu plein les yeux, avec un Caesar à nouvelle cabine protégée, un bon vieux Leclerc (il n'en reste plus que 250 en parc, rendez vous compte) mais aussi un VBCI sans tourelle, le démonstrateur pour répondre au programme ERBM (je n'ai le droit de rien dire) ou enfin l'Aravis. Surtout, un super accueil avec des gens dévoués : merci à eux ! une société dynamique.

5/ Passage ensuite chez Thalès, où j'ai pu voir quelques systèmes de simulation d'entraînement, un outil de gestion de défense sol-air, et surtout, surtout, le clou du salon : le petit hawkei, une sorte de PVP bien protégé et haut sur pattes (mode anti EEI, vous disais-je) et surtout un super profilage, une gueule d'enfer : je craque ! quel dommage que ce truc thalésien parle australien, parce que sinon, il ferait fureur.

6/ Chez Panhard, j'ai bien sûr craqué devant le Sphinx, un simili proto du successeur de la gamme Sagaie 10RC, deux engins que je connais bien. Le sphinx a une taille intermédiaire entre les deux, et surtout un duo canon missile du meilleur effet : il s'agit en effet du canon de 40 mm (développé par ailleurs par Nexter) capable de tirer des obus flèche jusqu'à 2000M mais aussi des obus anti-fantassin jusqu'à 3000m, tout ça couplé à un missile pour la destruction antichar de précision. Avantage, un poids plus léger que le 105 mm, d'où un ensemble châssis tourelle abordable, d'où quelque chose qui reste en dessous des vingt tonnes. Oui mais : est-ce que ça suit le VBCI ?

7/ Pour finir, un passage chez les copains de DSI, Joseph et Benoist (deux alliés d'AGS) : félicitations pour le nouveau "technology and armament", qui a fait un tabac ; la nouvelle formule de DSI a fait un bon de 40 % (et un prix des NMPP : le croirez vous ?). Comme ils m'aiment bien, ils m'ont filé leurs derniers hors série : celui de DSI sur "Les blindés ont-ils encore un avenir ?" et le tout nouveau bimensuel "Histoire et stratégie" qui traite d'un splendide dossier : "les engins blindés français des origines à nos jours".

Voilà donc une journée passionnante. Vivement l'an prochain pour le Bourget. Et merci encore à Charles et à sa gentillesse proverbiale.

O. Kempf