Légèrement débordé ces temps-ci, pas vraiment le temps d’écrire, mais comme
j’ai été passablement énervé par 2 faits d'actualité, et même s'ils n’ont rien
à voir l’un avec l’autre, je vais faire du 2 en 1, empoigner mes 10 meilleurs
doigts et y aller de mon petit billet essentiellement destiné, je l’avoue, à
m’épargner de devoir absorber pour me calmer, une tisane au tilleul matinée de
camomille.
Je rassure ces dames, malgré le fait que l’on puisse aisément la qualifier
d’énervante, je n’évoquerai pas la performance de l’équipe de France lors de
son premier match, moyenne, inefficace, confuse et terne…comme d’habitude
!
La première concerne François Bayrou et sa rencontre avec Sarkozy.
Horreur, François Bayrou a rencontré Sarkozy et ça n’a pas été pour
l’insulter ou lui taper sur la tronche !
La preuve est faite que Bayrou a tourné casaque et qu’il vient quémander une
place, de choix de préférence, au sein de la majorité présidentielle. On vous
l’avait bien dit que Bayrou était un homme de Droite, le voilà d’ailleurs qui
retourne piteusement et sans aucune pudeur à l’écurie libérale qui l’a hébergée
et nourrie pendant si longtemps !
….bon, arrêtons là les frais, et même si ces réactions n’ont pas tout à fait
été exprimées de cette manière, il n’en reste pas moins que c’en était l’esprit
tant de la part de la Gauche ….que du Centre !
François Bayrou a été obligé de s’en expliquer maints fois et je ne
reviendrai pas dessus.
Ces réactions sont très révélatrices à la fois de la gêne provoquée par le
positionnement de François Bayrou hors des clous de la rassurante orthodoxie
politique qui ne voit qu’en rose et bleu et de cette incapacité qu’ont les
politiques de tous bords à imaginer que l’on puisse échanger avec un adversaire
sans pour autant cautionner sa politique.
Mon autre cause d’énervement a été la réaction des anglais devant les
avertissements d’Obama à l’égard de BP.
L’origine de cette réaction est double, d’une part les « menaces »
d’Obama se demandant quels culs il pourrait bien botter en évoquant les
responsables de la marée noire et d’autre part la demande faite à BP par de
nombreux responsables américains de suspendre le versement de son
dividende.
Je ne sais pas ce qui a été la plus mal accepté, si ce sont les attaques
contre l'arrière train d'un de symboles de ce qui reste de l’industrie
britannique qui ont froissé un sentiment nationaliste exacerbé ou si c’est la
crainte de devoir renoncer à la distribution de dividendes mais en tout état de
cause cela a provoqué de
véhémentes réactions de la part du ban et de l’arrière ban des politiciens
anglais.
C’est Boris Johnson, le maire de Londres, qui s’émeut de la chute du cours de
Bourse de BP qu’il impute avant tout aux attaques «antibritanniques» des
américains, c’est le Chancelier de l'Echiquier George Osborne qui appelle le
PDG de BP pour l’assurer du soutien de son premier ministre insistant sur «la
valeur économique que BP apporte aux Britanniques et aux Américains», c’est
même les milieux d’affaires qui appellent Cameron à «agiter le drapeau rouge
diplomatique pour protéger les entreprises britanniques» …sans parler de la
presse populiste qui s’en donne à cœur joie sommant le Gouvernement de
« défendre son pays »….rien de moins !
Il faut dire que les enjeux économiques sont importants, selon la BBC, BP emploie plus de
10 000 personnes aux Royaume-Unis, a payé 930 millions de Livres d’impôt en
2009 et surtout, ce qui apparemment fait le plus mal aux anglais, que BP est un
des titres les plus détenus par leurs fonds de pension et par les particuliers
(18 millions de personnes en détiendraient directement ou indirectement) !
La BBC annonce que pour 7 £ de dividendes distribués par les fonds de pension,
1£ provient de BP !
Il est intéressant de comparer ces réactions à celles des français lorsque
TOTAL a annoncé un bénéfice record pour 2009, bénéfice qui avait été jugé
« indécent » par l’opposition et par une partie conséquente de la
population !
En l’occurrence, sans évidemment approuver l’attitude française vis-à-vis de
TOTAL, c’est l’attitude des britannique vis-à-vis de BP qui est parfaitement
indécente !
Voilà une entreprise privée qui provoque la pire marée noire de tous les
temps, une catastrophe écologique sans précédent (certes loin des côtes
anglaises), une entreprise qui a constamment sous-évalué le volume de pétrole
qui s’échappait de son puits, une entreprise dont les enquêtes révèlent tous
les jours des
manquements graves en matière de sécurité, une entreprise qui a pourtant
toujours assuré que les forages en eau profonde ne présentaient aucun risque…eh
bien malgré ce lourd passif, les anglais crient au scandale parce que cette
entreprise est sommée, par des étrangers, de réparer les dégâts qu’elle a causé
chez eux !!!!
On croit rêver !
Pourtant, Obama a raison d’être ferme vis-à-vis de BP compte tenu de
l’ampleur du désastre, d’autant plus que beaucoup d’américains, qui ne sont pas
à une incohérence près, lui reprochent son impuissance face à la marée noire
….comme si il y pouvait quelque chose !
Mais apparemment en matière d'incohérence, les anglais ne sont pas en reste
puisque demander à BP de ne pas distribuer de dividendes à ses actionnaires
afin d’être certain qu’elle aura les moyens de régler les indemnités, leur
parait incompréhensible, alors qu’en toute bonne logique, avec laquelle ils
sont pourtant familiers, ce sont bien les actionnaires qui devraient être les
premiers concernés par les déboires de l’entreprise, comme ils le sont par ses
réussites !
Vous comprenez, il y a des priorités, et ce que BP paiera en maigre
compensation du désastre écologique et économique provoqué chez vous, sera
autant qui n’ira pas dans les poches de nos retraités !
Que l’Angleterre soit, à ce point, aussi dépendante de la bonne santé
financière d’une seule entreprise, en dit long sur l’état de décrépitude dans
lequel se trouve son économie (elle n'est pas la seule) et sur la vulnérabilité
de son système de retraites. Que l’Angleterre, au lieu de faire profil bas,
brandisse l’Union jack haut et fort et aille critiquer ouvertement les victimes
des méfaits de son champion, en dit long sur les contradictions idéologiques de
ces faux libéraux qui, s’ils le pouvaient, limiteraient au maximum les normes
de sécurité pour les plateformes pétrolières mais qui, lorsqu’arrive un
accident, refusent d’en assumer les conséquences sous prétexte que les impacts
financiers sont trop importants !
Voilà qui est dit…ça va mieux…pas besoin de me coltiner la tisane
camomille-tilleul…ouf !