C'est une constante : quand on revient de vacances, on a forcément un peu le bourdon, besoin de réconfort, envie d'écouter des trucs un peu tristos finalement. Pas vraiment l'état d'esprit pour la Compagnie Créole, quoi ! Et quand il s'agit de douce mélancolie et de valses déchirantes, rien de tel qu'un Micah P. Hinson, qui, justement, passait par là avec un nouveau disque. Et c'est toujours un régal d'écouter sa musique, car ce type est sans aucun doute l'un des plus talentueux songwriters américains actuels, un de ceux qui pondent régulièrement des chansons bouleversantes. Sur ce nouvel album, il y en a encore quelques unes et notamment "She's building up castles in her heart" - déjà, rien que le titre ...- dont je n'arrive pas à me détacher, qui me transporte à chaque fois, que je me repasse inlassablement sur mon baladeur MP3 dans le métro, en fermant les yeux, aux bords des larmes - je dois être un garçon un peu sensible. Sur ce "Pioneer Saboteurs", Hinson chante toujours de sa voix grave un peu éraillée, à la manière d'un Johnny Cash, comme s'il avait cinquante piges - alors qu'il n'en a pas trente ! Il faut dire que le gaillard a déjà connu plusieurs vies : SDF et drogué notoire entre autres. La musique l'a depuis remis sur les rails.
La principale différence ici avec ses précédents disques est sans doute la plus grande présence de la guitare électrique, notamment sur le dernier morceau "The Returning" où plus de la moitié de la chanson est composée de déflagrations sonores particulièrement bruyantes, un peu à l'image de ce qu'a pu faire un Neil Young sur la bande originale du film "Dead Man" de Jim Jarmusch. Il y a aussi, peut-être, une meilleure utilisation des cordes. Et puis, pour avoir déjà vu Micah P. Hinson sur une scène, je peux vous dire que ce n'est pas le genre de chanteur à tricher, à en garder sous la pédale. Non, il chante toujours comme si sa vie en dépendait et c'est la plupart du temps magnifique.