Dans la salle, de nombreux militants syndicaux, associatifs et politiques de gauche, le parti socialiste était représenté par Guillaume Bachelay, secrétaire national du PS et vice-pdt de la région haute-normandie. Valérie Fourneyron, députée-maire PS de Rouen était également présente. L’ensemble des participants a appelé à faire de la journée du 24 juin la journée du recul de la droite dure, celle qui détruit les services publics et veut nous imposer une douche froide sociale !
Voici la déclaration de Guillaume Bachelay au nom des socialistes :
Chers camarades, chers amis, ce qui se passe ce soir à Rouen est un événement important.
Parce qu’il y a l’unité de la gauche. Syndicale, associative politique. L’unité, c’est notre force et c’est le cauchemar de la droite. Préservons cette unité, elle nous fera gagner.
Importante aussi, cette soirée qui n’est qu’un commencement, parce que nous sommes à 24 heures de l’annonce d’une des plus grandes régressions sociales en France depuis la Libération. On a parlé de l’Histoire tout à l’heure et on a eu raison. Le président de la République qui se rendra à Londres vendredi, à grands renforts de caméras et de micros, pour célébrer l’appel du 18-Juin est le même qui, deux jours plus tôt, aura attaqué le système solidaire des retraites, c’est-à-dire l’héritage du Conseil national de la Résistance ! Pour la répartition, il y a des anciens qui se sont fait trouer la peau. La première insulte de Sarkozy, c’est à eux qu’elle est faite et notre première raison d’être ensemble, c’est d’honorer leur mémoire à eux !
Les annonces officielles sont pour après-demain mais le Premier ministre a vendu la mèche avant-hier. Avec deux slogans qui servent déjà de propagande officielle. Analysons-les et démontons-les : s’ils tombent, c’est le projet gouvernemental qui tombera.
M. Fillon nous dit : « Pour financer les retraites en 2050, supprimons le droit au départ à 60 ans en 2010. » Étrange raisonnement… Aucun économiste ne sait quel sera le niveau de la croissance ni celui de la natalité dans 40 ans – pas plus qu’on ne savait, en 1970, ce qu’ils seraient aujourd’hui… Etrange aussi, le calcul du manque à gagner fondé sur une hypothèse de quatre décennies de croissance nulle et de chômage de masse, comme s’ils étaient une fatalité, comme s’il ne pouvait pas y avoir une autre politique économique, sociale, fiscale, industrielle permettant d’améliorer à la fois la situation des salariés et des comptes publics…
L’âge légal de départ à 60 ans, ce n’est pas un dogme, c’est une liberté, c’est une garantie, c’est une protection, pour tous ceux qui ont eu des carrières longues ou des métiers pénibles. 3 millions de personnes ont commencé à travailler avant 19 ans et 700 000 avant l’âge de 17 ans. Derrière les chiffres, il y a des femmes et des hommes ! Ils ont travaillé 41, 42 ans et on va leur dire quoi, cette année ? Qu’il faut travailler encore un an, deux ans, trois ans alors qu’ils sont brisés ? Je suis l’élu d’une terre industrielle, à Cléon et dans le pays d’Elbeuf, qui a connu le textile, puis l’automobile et la chimie. Je sais comme vous tous que l’espérance de vie d’un ouvrier est de 7 ans inférieure à celle d’un cadre : puisqu’il va toucher sa retraite 7 ans de moins, il est donc juste qu’il parte plus tôt.
Et puis – c’est un enjeu décisif dans la bataille avec la droite – l’argument financier ne tient pas ! Le passage de 60 à 62 ou 63 ans ne couvrira que 25 % des besoins de financement ! Ce n’est pas notre collectif qui l’affirme, ce ne sont ni les syndicats ni les partis de gauche, c’est le Conseil d’orientation des Retraites dans le rapport dont se réclame le gouvernement et qu’il noircit d’ailleurs pour fonder ses mesures d’austérité, annoncées ou dans les tuyaux.
Mais la vraie bataille avec la droite, c’est la bataille contre la résignation. C’est pourquoi à gauche, il nous faut contester bien sûr, mais surtout il faut proposer. Monsieur Fillon nous dit que « les caisses sont vides ». Mais qui les a vidées ? Depuis 2007 – c’était il y a trois, ce n’est pas Mathusalem ! - le gouvernement a décidé 30 milliards de baisses d’impôts supplémentaires pour les plus fortunés, 20 milliards de niches fiscales pour les hauts revenus et les grands groupes, et il a supprimé pour 12,5 milliards la taxe professionnelle pour plonger les collectivités locales, donc les dépenses sociales et d’avenir, dans la plus grande détresse. Voilà les responsables et ils voudraient que les salariés et les retraités payent la facture ?
Une réforme juste et durable des retraites, c’est mettre à contribution le capital et pas seulement le travail. Augmentation des prélèvements sur les bonus et les stock-options, relèvement du « forfait social » appliqué à l’intéressement et à la participation (qui sont des salaires différés), application de la CSG aux revenus du capital qui en sont exonérés – tout cela rapporterait 25 milliards d’euros en 2025, autrement dit, plus de la moitié de ce que le COR juge indispensable pour rétablir l’équilibre à cette date.
De même, il faut sauver le Fonds de Réserve des Retraites. La gauche l’a créé, elle l’a abondé et, depuis 2002, la droite l’a abandonné et maintenant elle veut le siphonner pour afficher un rééquilibre optique à deux ans de la présidentielle ! Nous proposons, nous socialistes, de lui affecter une ressource durable : une surtaxe de 15% de l’impôt sur les sociétés acquitté par les banques et les établissements financiers. Les banques et la finance sont à l’origine de la crise, leurs profits doivent contribuer à en réparer les dégâts et à réussir l’après-crise.On a consacré deux fois dix milliards d’euros pour sauver six banques sans contrepartie, sans retour en crédit pour les ménages et les PME, avec au contraire une explosion des frais de gestion et des prélévements indus sur les comptes des couches populaires et des classes moyennes. Eh bien, il est temps de le dire aux banques : pour vous, l’heure des agios a sonné et c’est pour les retraites que vous allez contribuer !
Chers camarades, dans les semaines qui viennent, notre rassemblement va grandir, un peu comme ce soir à la Halle aux Toiles où la salle s’est remplie à mesure que se déroulait notre meeting. Il va grandir et démentir les pronostics des ministres et des éditorialistes qui, du matin au soir, nous disent « c’est obligé, c’est décidé, donc c’est plié ». Nous sommes là pour briser le ronron des médias et les certitudes des belles personnes ! Comme nous l’avons fait en 2006 contre le CPE ! Parce que l’attaque de la droite contre les retraites est brutale, la résistance populaire et politique doit être totale !
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