NŒUD 10
Laisse-moi je te prie venir mourir chez toi sous ton toit,
ô agneau, chasse les agneaux d’auprès de toi
et laisse-moi mourir chez toi, sous ton toit, ô agneau !
ô chevreau, chasse tous les chevreaux d’auprès de toi
et laisse-moi mourir chez toi sous ton toit, ô chevreau !
ô papillon, chasse les papillons d’auprès de toi
et laisse-moi mourir chez toi, sous ton toit, ô papillon !
Herbe, chasse tes champs de toi …
• • •
NŒUD 3
Ce que pleuraient mes yeux n’étaient plus des larmes
mais des yeux, -
ce que sans répit mes orbites mettaient au monde c’étaient des yeux, -
pour me calmer, si seulement je le pouvais !
Ah, ai-je crié
vous, mes mains,
ne me pleurez plus de mains !
Ah, ai-je crié,
mon corps, ne me pleure plus de corps !
Ah, ai-je crié,
ma vie, toi au moins, ne me pleure plus de vie !
Je me suis recouvert
mais sous le linceul
se culbutaient pêle-mêle
yeux, mains, corps, et vie.
Nichita Stànescu, « Nœuds et Signes » , Traduction de Pierre Drogi,1982
[in Les Non-mots et autres poèmes, éd.
Textuel, Paris, 2005]
Nichita Stànescu dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1
S’abonner
à Poezibao
Une de Poezibao