Magazine Cinéma
Je sais je suis passé date.
Il y a de ces choses qui me sont passées comme une comète de Haley.
Comme l'art d'ouvrir un sac de poubelle en moins d'une minute quand il est neuf et plié en quatre.
Malgré mon amour du septième art, malgré mes constants regards dans le rétroviseur de ce qui s'en vient, de ce qui s'est passé et de ce qui est à venir, il y a d'excellents films qui passent sous mon radar.
Sorti en salle il y a 6 ans, Un Long Dimanche de Fiancailles est un de ses chefs-d'oeuvres.
Lorsque j'ai vu Delicatessen en 1990, je suis tombé amoureux de Jean-Pierre Jeunet.
Cette manière de filmer, tout à fait inspirée de la bd, rhytmée et avec un sens du visuel ingénieux m'a aussitôt séduit.
Quand j'ai vu La Cité des Enfants Perdus, j'ai voyagé comme un enfant, jubilé euphoriquement et bavé comme un crapaud. Jeunet maitrise son art à la perfection.
Puis Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain a fait le tour du monde et rassemblé publics, cyniques et critiques.
Jeunet n'avait plus rien à prouver et pourtant avec l'adaptation de la nouvelle de Sebastien Japrisot en film, il réalise un exploit.
De la splendide photographie de Bruno Delbonnel à la (toujours)délicieuse trame sonore d'Angelo Badalamenti en passant par les décors de Véronique Melery et la mise-en-scène extraordinaire ce film nous transporte dans le récit de 5 soldats Français condamnés à la fusillade lors de la grande guerre de 14-18 et leur nébuleux destin sous la loupe d'une amoureuse (Audrey Tautou)convaincue que son amoureux respire toujours.
Une distribution exceptionnelle couvre ce film de deux heures dont on aurait pris une autre deux heures. Marion Cotillard doit être l'assassin la plus sexy de la terre. Ticky Hogaldo (décédé avant la fin du tournage du cancer), Tcheky Karyo, Dominique Pinon, Chantal Neuwirth, André Dussollier et le clône de Marc-Antoine Grondin (Gaspard Ulliel) coiffent une distribution exceptionelle. Une actrice Étatsuniennes fort connue et trop rare, dont on n'oublie la maitrise parfaite de la langue française y fait une apparition surprise au beau milieu du film jouant son rôle tout en français et sans accent.
Impossible d'aimer la guerre tellement les saloperies sont omniprésentes dans ce film au fond, pacifique.
S'offrir un film de Jean-Pierre Jeunet c'est accepter de se stimuler tous les sens. C'est voir tous les plans d'un film être déployés avec une exécution visuelle et sonore recherchée. C'est l'art du divertissement à l'état pur. Avec drame, humour, originalité et talent.
L'expérience cinéma est totale dans ce film où les effets spéciaux sont mis au service d'une excellente histoire.
Franchement, il y a espoir.
Pour ce qui s'en vient et ce qui est à venir.
Et dans ce cas-ci ce qui fût passé.
Du bon cinéma, maudit que ça fait du bien.
Et ça existe encore.
Merci J-P. et tous tes amis.