Cette petite chronique, entre deux gros articles mondialistes, se situe encore en Afrique du Sud. Elle relate l’histoire d’un homme : Jannie Du Plessis.
Jannie Du Plessis. Pilier dur à cuire mais aussi ange gardien.
Jannie Du Plessis est un international sud-africain, champion du monde en 2007 avec la sélection verte. Pilier de l’équipe favorite des Sharkettes, Du Plessis est entré en jeu lors de la brillante victoire des Springboks contre l’équipe de France. Mais là n’est pas l’histoire.
C’est après le match. Du Plessis quitte le Newlands (au Cap) pour regagner le bus des joueurs lorsqu’une femme appelle à l’aide : son mari est en train de s’étouffer. L’aîné de la famille (car Bismark talonneur est aussi international) est médecin et intervient. Fait rarissime de nos jours, un professionnel pratique une autre activité. Felipe Contepomi, le joueur de Toulon, est chirurgien de son état.
Mais revenons à l’histoire. Du Plessis tente d’abord de comprimer les poumons pour expulser le morceau de viande qui était coincé sans succès (cette technique s’appelle la méthode Heimlich). Puis il met son doigt jusque dans les cordes vocales et arrive à retirer le morceau coincé près de la pomme d’Adam.
Un geste de secours banal ou presque de la part d’un praticien. Sauf que Jannie Du Plessis a été confronté à une situation d’urgence dans un même contexte.
Le 29 mars 2009 à la sortie de la réception qui a suivi le match du Super 14 entre les Sharks et les Brumbies, le deuxième ligne australien Shawn Mackay est percuté par une voiture de police. Gravement blessé à la jambe et à la tête, il est secouru par Du Plessis qui assistait au banquet. Celui-ci appelle les secours et parvient à maintenir en vie Mackay en le mettant en PLS (Position Latérale de Sécurité) et par la respiration. Transporté à l’hôpital Saint-Augustin de Durban, l’état de ce dernier est stabilisé, il est placé en coma artificiel et la situation semble s’améliorer les jours suivants. Mais le 6 avril, une infection sanguine provoque un arrêt cardiaque et emporte le malheureux joueur australien.
Jannie Du Plessis est donc un héros à plusieurs titre. Un double héros parce qu’il a sauvé deux vies, même si celle de Shawn Mackay n’a pas duré bien longtemps, celle d’un homme qu’il ne connaissait pas mais le sort a voulu qu’il soit là. Un héros ordinaire comme médecin (même si ce n’est pas si ordinaire que cela) mais un héros extraordinaire car il est aussi un sportif professionnel de très haut niveau.
Cette chronique lui est dédiée et il le mérite. Une histoire étonnante pour un sportif. Et de tels exploits sont racontées dans des gestes, au féminin. Il n’y a donc pas d’erreur dans le titre.