L’Agence Tous Risques, c’est un grand plaisir d’enfant devant un vieux poste carré. Et oui, dans les années 80′ regarder à la télévision un groupe de cowboys modernes souder trois plaques d’aciers sur une deux chevaux pour aller secourir la belle en détresse contre des texans à gros chapeaux, ça émerveillait. Notre âme innocente se plongeait avec avidité dans les aventures pittoresques d’un mec qui réparait une bombe nucléaire avec une épingle à nourrice, ou donc traversait les Etats-Unis dans une camionnette. Bref, on l’aimait notre A-Team.
Et voir débarquer la série sur grand écran, c’était l’aboutissement de la mode actuelle, après Starky et avant Hutch. Evidemment, qui dit adaptation dit modernité pour un synopsis qui frise la linéarité (surtout dans une année remplie de Losers et Expendables) ; un quatuor de marines devient hors la loi pour mieux traquer ceux qui les ont piégés. On déplace l’action de 30 ans, et nous voilà bombardés avec Liam Neeson (souriant), Bradley Cooper (avec le charisme du meilleur ami de Sydney Bristow), la douce folie d’un Sharlto Copley ou la ligne longiligne (oui ben..) de Jessica Biel. Partis pour un grand tour, notre équipe de tournage parcourt gentiment en images de synthèse l’Orient, une partie d’Europe pour finir dans des raccourcis temporels effarants à Los Angeles (minimum américain respecté). Deux heures d’action à tout và, mener tambour battant sans réellement de discernement, mais qu’importe : on est surtout venu chercher du fun.
On ne reviendra pas sur l’inexistence de filiation avec la série Tv, si ce n’est le nom, la A-Team (Agence Tous Risques) version 2010 se veut logique, et nous raconte par le menu détail la constitution de l’équipe. Carnahan sait faire avancer le récit au gré des évènements et des cascades, et le moins que l’on puisse dire est que nous sommes servis. On n’oublie pas pour autant les personnages qui bénéficient chacun, et à juste titre, d’un bon moment de pseudo-psychologie permettant de mieux les cerner. Ce qui reste étonnant dans son statut de blockbuster intelligent, c’est que la A-Team d’aujourd’hui offre beaucoup de fun pour le fan sans vraiment se prendre la tête. On multiplie donc les scènes sans queue ni tête, mais sans prise de becs. Pas grave, du moment que ça dézingue ouvertement. Restant très grand public, voilà un spectacle calibré sur mesure pour le grand public cherchant son quart d’heure de poursuite infernale, et se permettant en même temps une légère autodérision sur tout ça.
On aimera ou pas (les invraisemblances sont forcément grotesques, mais semblent ici soulignées), voici donc un sérieux prétendant au titre du film le plus fun de l’année. On cherchera du côté du charisme des acteurs, de la créativité du scénario (à défaut d’en chercher la profondeur), ou du souvenir ému de notre jeunesse, The A-Team ouvre le bal estival avec allégresse. Et sans timidité aucune. Après tout, on aime quand un plan se déroule sans accro.