Le pro de la relation

Publié le 22 avril 2010 par Nainfermier
Vous avez peut-être compris au travers de mes posts que je suis pas un infirmier très doué dans le domaine relationnel.
Les soins intensifs sont pour moi une sorte de paradis de ce point de vue, les patients sont pour la plupart intubé, endormis ou trop confus pour avoir envie de me déballer leur vie. Je n'ai pas besoin de faire d'écoute active, de faire preuve d'empathie et tous ces trucs psy pour lesquels je ne suis vraiment pas doué. Maintenant quand j'ai un patient reveillé qui ne fait pas ce que je veux comme je le veux, ça m'énerve. Je n'ai plus aucune patience. Souvent je vais supplier les médecins pour qu'on réintube le patient ou qu'on sédate, mais les médecins me refusent de prescrire des actes uniquement pour le "confort infirmier", c'est pas cool ça...
Mais si mes patients ne peuvent plus me parler, ils ont tous une famille qui est généralement super présente et qui a un milliard de question à me poser. Heureusement, quand ils me soûlent je peux les faire sortir en prétextant un soin urgent. C'est assez facile à gérer dans l'ensemble, mais il y a des situations piège où tu es obligé de faire face et d'être réconfortant. Par exemple, l'autre jour, mon patient décède, je suis donc obligé de laisser venir la famille et forcément ils ont un milliard de questions et une fois qu'ils ont bien tous compris la situation, ils se mettent tous à pleurer. Alors moi je me retrouve avec une dizaine d'adultes pleurnichant sur les bras sans trop savoir quoi faire avec. Je passe donc en revue les techniques de réconfort que je connais:
Tapoter l'épaule-------CHECK
Avoir l'air triste (surtout ne pas sourire, ni faire de blagues)-------CHECK
Dire "ça va aller"--------CHECK
Observer des moments de silence après chaque phrase--------CHECK
Voilà voilà...Une fois que ça c'est fait, moi je sais plus trop quoi faire de réconfortant....
Mais j'ai trouvé la parade, pour palier à mon manque de savoir faire en relation: j'utilise mes connaissance en pharmacologie.
Face à cette famille qui pleurait et qui ne répondait pas à mes super technique de réconfort, j'ai proposé du Lorazépam sub-lingual (Temesta). J'ai mis ça dans une petite coupelle à côté des petits biscuits et du pot de café que je leur ai apporté. Et ça à super bien marché!! La famille à rapidement diminué ces pleurs et ils sont tous parti en me remerciant, visiblement camé calmé...
Non mais ça à l'air facile comme ça, mais c'est tout un art de choisir la bonne molécule adaptée à la personne et à la situation. C'est un peu comme être un sommelier qui doit adapter son vin avec le repas et les goûts de la personne, moi j'adapte en fonction du drame et de l'intensité des pleurs.