Carte de presse contre carte orange, ou les journalistes prennent-ils le métro ?

Publié le 10 décembre 2007 par Jean-Paul Chapon

Voici le dessin de Nicolas Vial que je trouve ce soir en page deux du Monde. Et tout de suite cette question me vient à l’esprit. Les journalistes prennent-ils le métro ? Mercredi une nouvelle grève est annoncée. Sans doute moins forte que la dernière, sans doute moins gênante, mais gênante tout de même. Alors on va encore, à l’image du dessin de Nicolas Vial, entendre parler des usagers pris en otage par les grévistes, il y a aura des micro-trottoirs d’usagers en colère, dénonçant les privilégiés, bref, les journalistes feront leur boulot de journaliste, c’est à dire qu’ils dénonceront une grève, pour le plus grand plaisir du gouvernement dont ils se transforment semble-t-il dès que c’est possible en véritables attachés de presse ou porte-voix. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Je ne tiens pas par cette note à soutenir la grève de mercredi prochain, qui me gênera en tant qu’usager des transports en commun, comme elle m’a déjà gêné en octobre et en novembre. Et surtout au moment où je publie cette note, la journée de grève annoncée que je trouve particulièrement inutile, est ce soir annulée. La CGT annonce qu’elle renonce à appeler à la grève au bénéfice d’actions perturbant faiblement le trafic.

Non ce que je veux dénoncer, c’est la façon dont soudain, la presse semble se souvenir les jours de grève que les transports en commun existent, et comme ils l’oublient les autres jours. Pourtant la caricature de Vial pourrait très bien s’adapter, non pas aux jours de grève, mais à l’état quasi quotidien des transports en commun dans l’agglomération parisienne et pas seulement sur la ligne 13. Vous savez ces fameux écrans jaunes qui illustrent régulièrement les notes de Paris est sa banlieue, qui vous annoncent au choix, la panne de signalisation, le problème de caténaire, le rail cassé, l’incident électrique, quand ce n’est pas simplement comme ce matin sur la ligne 9 “suite à divers incidents, le trafic est fortement pertubé sur l’ensemble de la ligne, nous vous remercions pour votre compréhension.” Quelle compréhension, quand on doit laisser passer une demi-douzaine de rames avant de pouvoir finalement s’entasser dans un wagon ? surtout quand on sort de son RER A qui au lieu des 19 minutes thérorique pour couvrir la distance Fontenay-sous-bois Auber en a tranquillement mis le double… Et tout cela un jour de service normal, pas de grève ou de service minimum, tant promis par le gouvernement. Alors les journalistes, si prompts à entonner le refrain de la prise d’otage que leurs rédactions, comme si elles étaient aux ordres, semblent leur demander de reprendre, pourquoi n’ont ils jamais l’idée de faire des micro-trottoir sur les quais bondés des jours ordinaires ? Mais peut-être les journalistes n’ont-ils qu’une carte de presse et pas de carte orange ;-)

Jean-Paul Chapon

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