Il ne reste plus rien où aller.
Sommes-nous jamais allés quelque part?
Il ne reste qu’à sortir chacun de soi.
Ou à entrer comme si on sortait.
Ou à élever une parole neuve,
à se hisser sur elle
en attendant que le courant l’emporte.
Et si le courant lui aussi
nulle part n’emporte,
à jeter la parole au vide,
comme un emblème
de tout ce qui n’existe pas.
Il n’est pas de geste plus pur
que de jeter quelque chose au vide.
Au surplus, divers degrés d’inexistence
en se rencontrant peuvent éclairer peut-être
un peu d’existence où aller.
(Roberto Juarroz)