Hénaurme suspense ! On attend le résultat du match*.
— La vuvuzela, 466 résultats réels.
— Le vuvuzela, 340 résultats réels.
On retrouve un problème classique des emprunts : le genre à donner. Le mot serait d'origine zouloue, mais s'il transite par l'anglais il ne possède plus alors de genre précis et en outre il n'y a aucun genre dans les langues bantoues dès le départ : on ne distingue que le défini et l'indéfini. Or les noms se terminant en -a ne sont plus ressentis automatiquement comme féminins en français. Il est vrai que le -a pouvait être masculin en latin : poeta, nauta, agricola. Cependant, je trouve une sorte d'indécision dont on a déjà parlé ici au sujet de la manga ou de la Nutella. Je pourrais ajouter le ou la chikungunya**. Il y a tendance à masculiniser des noms qui devraient être féminins parce que le -e final seul est ressenti parfois comme marque du féminin : Venezuela, Costa-Rica, Nigéria, Libéria, etc. Et puis on a une zone marginale où les deux genres se combattent.
Le mot est apparu dans Wikipedia (tiens ? on dit la Wikipedia) en juin 2009 — sans doute en prévision de la coupe du monde de football —, mais il a été fortement réactualisé ces derniers jours. Il va mettre cinq ans pour apparaître dans le Robert si l'emploi de cet instrument de torture est encore largement attesté, dix ans dans le Larousse, cent ans dans le dictionnaire de l'Académie française (qui n'est toujours pas arrivée à la lettre Z de sa dernière édition, mais qui estimera bon de laisser aux futurs académiciens ce mot trop nouveau). Et on en vient à un autre problème : quels dictionnaires faut-il aujourd'hui : ceux qui permettent de comprendre les journaux ou les livres classiques ? d'écrire sur l'actualité ou de bien écrire ? Les deux me semblent nécessaires, mais le fossé se creuse entre eux et ce sont les premiers qui créent l'usage à venir. Le but, c'est d'avoir le plus d'occurrences dans Google ou bien de voir sa version adoptée par Wikipedia. C'est ce qui fait autorité et non une recherche étymologique.
* Il est difficile d'échapper à ce bruit incessant et de ne pas voir sa mention dans les blogues ou Twitter ou les médias en ligne. J'ai voulu donc en savoir un peu plus, parce que cela me rappelle le bourdonnement que certains de mes élèves pratiquent, lèvres fermées, afin de saboter les cours.
** Mes observations sont signées dans ce fil (dito), avec parenthèses.