ORPAILLEUR
De Marc Barrat
Avec Tony Mpoudja, Julien Courbey et Sara Martins
Mon avis : o
L’initiative est louable. Se pencher sur l’orpaillage, ce fléau terrible que vit quotidiennement la Guyane, représente en soi un acte de bravoure et un beau témoignage soutenu d’ailleurs par la WWF. Depuis quelques années, le pays est en effet le théâtre d’une véritable ruée vers l’or. Des exploitations aurifères illégales attirent de plus en plus de clandestins, favorisent la prostitution et polluent les eaux avec le mercure. Le danger est environnemental, social, sanitaire et économique. Le cinéaste Marc Barrat a courageusement choisi, pour son premier long métrage, de plonger sa caméra dans les arcanes de ce système implacable à travers l’histoire de Rod. Jeune parisien d’origine guyanaise, ce dernier s’envole pour sa terre natale avec son meilleur pote Gonz. Sur place, ils croisent la route de Yann, une jeune guide touristique militante écolo et atterrissent rapidement au cœur de l’Amazonie où les chercheurs d’or guettent sans discontinuité.
Avec tout ce que je viens d’écrire, vous devez vous dire : « Ça a l’air intéressant ». Comme moi d’ailleurs, quand j’avais dans les mains le dossier de presse avant la projection... Permettez-moi désormais de vous expliquer pour quelles raisons "Orpailleur" est l’un des plus mauvais films de ces cinq dernières années. Je sais... C’est difficile de critiquer une première œuvre, parce qu’elle est souvent décousue, inachevée, mais se démarque presque toujours par une énergie nouvelle, inattendue. Je vais tenter de prendre des gants. Mais je ne garantie rien.
Commençons par le comédien principal, Tony Mpoudja, qui étincèle dès la première réplique par son effroyable manque de naturel et de talent. Quand le protagoniste d’un long métrage joue aussi mal, c’est très difficile de continuer à regarder. Et pourtant, j’ai patienté. Rien n’est venu, la prestation devenant, à mesure que l’intrigue se déploie, aussi toxique que du mercure devenu méthyl-mercure. Absolument rien ne sonne juste : ni la gestuel, ni les sourires, ni les larmes.
Poursuivons avec l’intrigue. Avec un point de départ pourtant intéressant, le scénario s’égare dans un labyrinthe dédaléen et ce n’est pas Ariane qui vous aidera à trouver votre chemin. Englués dans une forêt sauvage, seul élément crédible du film au demeurant, les personnages se séparent, se croisent, se retrouvent sans logique temporelle, sans logique géographique, sans logique tout court. Un maelström verdâtre qui vous fatigue, vous agace, jusqu’à épuisement. Et quand la supposée émotion affleure, ce sont les zygomatiques qui marchent à plein régime.
Si toutefois la très talentueuse Sara Martins sauve sa peau, l’intégralité du casting se vautre dans un rocher d’incrédibilité. Dans "Orpailleur", finalement, rien ne brille, pas même l’or. C’est dire.