Pays-Bas – Japon

Publié le 12 juin 2010 par Betabondieu

Les Pays-Bas sur leur lancée

C’était il y a bientôt trois ans, lors du dernier match de qualification pour l’Euro 2008. Les Pays-Bas perdaient un match crucial en Roumanie (0-1), et la tête du groupe G par la même occasion.

C’est leur dernière défaite notable, si l’on excepte, un dernier faux pas, en Biélorussie (1-2). Ils avaient alors déjà perdu tout espoir de retrouver la tête du groupe mais de toute façon cela importait peu, les deux premières places étant qualificatives. Le point d’avance devant la Bulgarie (26 contre 25 pts) a suffi.

Si le départ de Van Basten après l’Euro 2008, sonnait comme un désaveu, et pouvait être vu comme une petite catastrophe, le sélectionneur a laissé derrière lui un héritage conséquent. Sa politique de jeunesse n’a pas été un échec, et si fiasco il y a eu, il faut plutôt le chercher du côté des Italiens (0-3) et des Français (1-4). Le maître Guus Hiddink, à la tête de la sélection russe leur a barré la route du sacre, et par la même nous a privé à nous, spectateurs, de ce qui aurait dû être la rencontre des deux plus beaux footballs pratiqués alors: un Espagne-Pays-Bas.


Faute de confrontation directe, les deux équipes se rencontrent toutefois sur un point, celui d’avoir toutes deux réalisées un sans faute en éliminatoires. Avec une différence pour les Pays-Bas, sa poule ne donnait droit qu’à un billet pour l’Afrique du Sud et comportait 5 équipes seulement, contre 6 pour les autres. La campagne a vite tourné à l’entraînement, car même si les Écossais sont capables d’accrocher une équipe comme la France, face à de tels créateurs de jeu, ils n’ont pas pesé bien lourd. Seconds ex-æquo avec les Norvégiens, ces meilleurs poursuivants n’ont même pas obtenu la moitié des points totalisés par les Pays-Bas (10 contre 24).


Ne nous enflammons pas trop sur cette équipe que l’on a vu championne d’Europe trop vite en 2008. Malgré cela, les neuf points pris en poule ont été un résultat exceptionnel et prêtent à l’optimisme. Dans une poule avec les deux derniers finalistes de coupe du monde, et leur bête noire des éliminatoires (2-2; 0-1), les Roumains, battus (2-0) avec les coiffeurs, un sans faute n’était pas donné à tout le monde. Avant de les voir trop beaux, trop haut, même si leur série d’amicaux (2-1; 4-1; 6-1) laisse rêveur, jetons un œil posément au Groupe E.


Dans une poule comptant le Danemark, le Cameroun… et le Japon (voir par ailleurs), ils ne rencontreront pas de difficultés et la survoleront sans doute. Peut-être un nul d’entrée face aux solides danois après s’être vus trop beaux pendant les rencontres amicales, et le temps de se faire à un schéma sans Robben. Peut-être… et encore, c’est vraiment pour chercher des poils aux oeufs. Ce qui est évident c’est que la première place ne fera aucun doute. La question qui se posera par la suite est qui pourra les stopper net au sortir des poules, après le Portugal, ou la Russie lors des deux derniers rendez-vous internationaux.


Le Japon a les yeux plus gros que le ventre


Depuis 2002, et son huitième de finale à domicile, perdu contre le Sénégal (0-1), le Japon déçoit. Il ne parvient pas à être souverain sur son propre continent. Contrairement au football sud coréen, le football nippon n’a pas réellement progressé depuis sa Coupe du Monde. Alors que l’évènement aurait dû servir de tremplin pour ce sport finalement relativement mineur, le baseball est toujours incontestablement le sport national. Et sans l’égérie Nakata, retraité, au sein des Blue Samouraïs, le déficit de popularité est encore plus grand.


L’entraîneur Takeshi Okada a été clair: « nous visons les demi-finales ». Comment en totalisant 5 défaites consécutives en matches amicaux, arriverait-on seulement à supporter la pression engendrée par un tel objectif annoncé? Ah oui, après les trois mi-temps face à la Cote d’Ivoire, il y a bien eu ce nul face au Zimbabwe, lors de cet amical rajouté à la hâte au calendrier pour ne pas compter que des défaites… Mais face à la 110ème nation mondiale on aurait espéré voir mieux de leur part.


De plus la blessure de Drogba, sur un attentat de Tulio Tanaka, pèsera dans la tête de ces joueurs. Plus maladroits que méchants, le temps de retard qu’ils ont sur à peu près toutes leurs interventions peuvent priver un des meilleurs joueurs du monde d’un objectif majeur de sa carrière. Ils mettront un peu moins d’engagement sans doute dorénavant. Leur discipline a beau être exemplaire, il y aura toujours une inspiration offensive de la part de l’adversaire pour les devancer et créer le danger.


Leurs derniers adversaires, les Danois sont des battants, pas réputés pour avoir un mental qui faillit souvent. Même à 0 point après 2 matches, ils donneront tout pour ne pas finir derrière le Japon au classement. Les Japonais devraient avoir pris l’eau juste avant face aux Pays-Bas, et penser à leurs excuses publiques à présenter devant la télévision japonaise. Lors de cette ultime rencontre, plutôt qu’à développer leur jeu, à imaginer qu’ils en aient un, ils auront déjà la tête au Japon, et le moral dans les chaussettes.


Le groupe E sera parmi ceux qui feront le grand écart, avec un équipe au sommet de son football et une autre au fond du gouffre. Si la place honorifique du premier semble acquise aux Pays-Bas, le très dégradant bonnet d’âne reviendra sans aucun conteste aux Japonais.


Par Envoyé spécial pour Betabondieu