L’affaire Boutin dont la jurisprudence se fait attendre offre un boulevard à la gauche qui mise sur le syndrome Fouquet’s pour se refaire une santé politique. Appelant à une “remise en ordre“, la présidente de la région Poitou-Charentes a estimé que “le mauvais exemple (venait) d’en haut“.”Quand Nicolas Sarkozy est arrivé, avec François Fillon, ils se sont augmenté de 150 % leur salaire, ils ont augmenté le salaire des ministres de 150 % et ils ont laissé croire qu’en contrepartie il n’y aurait aucun cumul possible“.
Très incisive, l’ex candidate socialiste aux présidentielles a demandé plus de morale dans la vie publique :”L’engagement politique, c’est servir, ce n’est pas se servir, c’est rendre des comptes sur l’efficacité de son travail et c’est dominer le train de vie de l’Etat et des collectivités publiques“, a-t-elle insisté. “L’indécence des révélations sur les salaires ministériels - ces gens-là qui s’apprêtent à remettre en cause le droit à la retraite pour les ouvriers, les employés, les cadres et qui se permettent de se comporter comme ils se comportent - cela nécessite une remise en ordre d’un certain nombre de comportements si l’on veut que la parole de l’Etat reste crédible“.
Quelques heures plus tard, en écho, Martine Aubry, enfonçait le clou.”C’est inacceptable qu’on gagne 19.000-20.000 euros par mois quand on a fait le choix de l’intérêt général“. “Je ne sais pas combien touchent ces ministres, mais s’ils ont déjà 14 000 euros bruts par mois, je pense qu’on peut éviter de toucher sa retraite“, a ironisé l’ancienne ministre des Affaires Sociales rappelant au passage que les ministres du gouvernement Jospin touchaient entre le tiers et 45% de cette somme.
La patronne du PS réclame d’une manière générale plus de transparence et un plafonnement global “parce qu’il y en a d’autres aussi qui travaillent dans le privé“. “Cela fait partie de la démocratie de limiter de manière transparente et avec des déclarations pour chacune des fonctions député, maire de grande ville, conseil général, régional et ministre. C’est la moindre des choses” juge Martine Aubry.
Interrogée ce matin par les journalistes de France Inter, Michèle Alliot-Marie, un brin agacée par la question sur son cumul de retraite de député et de salaire de ministre a défendu cette situation en s’abritant derrière sa conformité à la loi. Le vrai argument a pourtant était lâché au détour d’une phrase : “je cumule parce que dans le privé ont m’a proposé des salaires sans commune mesure”.
Pour faire retomber la pression, lundi Eric Woerth, façon Ponce Pilate, replaçait la balle dans le camp des parlementaires : “Il faut que le président du Sénat et le président de l’Assemblée annoncent clairement une réforme du régime de retraites des parlementaires dans les jours qui viennent“. Dés Dimanche, François Baroin, ministre du Budget, avait jugé que le Parlement “ne pourra s’exonérer” d’une réforme du régime de retraite des parlementaires. Une façon habile de faire porter la responsabilité sur les parlementaires et de dédouaner un exécutif qui n’entend pas rogner les salaires de ses membres ou collaborateurs.
Il y a tout juste un an le député apparenté socialiste René Dosière épinglait la hausse et le manque de transparence du budget de l’Elysée. “La transparence, qui était annoncée par le gouvernement, n’est pas au rendez-vous, et on s’aperçoit que plus la présidence de Nicolas Sarkozy avance et plus le rythme de dépenses s’accentue. (…) Ce n’est pas un bon signe, il faut savoir donner l’exemple” déclarait alors le parlementaire.
Cette année, l’incontrôlable parlementaire invitait l’exécutif à “se serrer la ceinture“. Un conseil resté lettre morte mais repris par Jean Arthuis. Dans une interview aujourd’hui au Parisien-Aujourd’hui en France, le sénateur centriste estime qu’il “faut assumer de réformer par l’exemple“.
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