Magazine
Plus que deux dodos ! Mercredi, on prendra l’avion pour deux semaines de vacances. Ce sera notre plus long séjour en dehors d’Ayiti depuis le 18 novembre 2008. Ces vacances sont bienvenues, on commence à ‘avoir la langue à terre’. Bien évidement, la fatigue des derniers mois est une des conséquences associées à bagay la. La charge émotive d’un tel événement se digère sûrement très lentement et demande de l’énergie, je m’en aperçois de plus en plus. La semaine de repos prise un mois après les événements avait été trop courte, on le savait même avant de revenir. L’autre conséquence de bagay la qui pèse lourd dans mon esprit est cet espèce de déchéance que nos sens (yeux et nez principalement !) engrangent toute la journée. L’environnement visuel est rempli de centaines d’édifices complètement écrasés autour desquels rien ne s’est passé depuis des mois, comme un signe supplémentaire des très grandes inégalités sociales que respire ce pays. Tous ces camps qui puent et dans lesquels une population prend forcément ses aises, que peuvent-ils faire d’autres que de chercher à améliorer leur confort dans ce grand inconfort qui sera leur quotidien pour les prochaines années ! Finalement, il y a cette apathie politique. Ce vide social qui berce tout depuis des mois. Ce vide politique du pays et des ses pays-amis. Les petits hoquets de révolte font face à un espace politique inoccupé qui trouve le moyen de s’entretenir. ‘En fait, le tremblement de terre n’a fondamentalement rien changé, la même pente glissante juste un peu plus accentuée’, dixit une collègue. J’ai donc le goût de me retrouver en équilibre sur un plancher au niveau, pour deux semaines au moins !